Curieux fantasme
Bernard M.
Sensation nouvelle, un soir, agréable et mystérieuse, de sentir pour la première fois mon sexe durcir entre mes cuisses.
Une belle jeune fille, marche dans un paysage de montagne et de neige, par une journée d'hiver, étincelante de soleil. C'est au sport d'hiver mais le lieu ici est désert, nul skieur ne passe dans cette large clairière entre les sapins à l'écart des pistes. Je marche là, moi aussi, en arrière de la jeune fille qui ne semble pas se douter de ma présence et je l'observe. Elle s'arrête soudain à l'orée de la forêt et commence à se dévêtir. Je me suis immobilisé à mon tour et je la regarde avec délectation. Elle se déshabille entièrement. La voici nue. Nue, plus que nue, car à ma grande stupéfaction, je m'aperçois qu'une de ses jambes est une prothèse, oui une prothèse, que lentement elle détache et pose à côté d'elle…
Cela a-t-il d'abord été un rêve, un vrai rêve de la nuit ou, une de ces histoires que j'avais coutume de me raconter le soir en cherchant le sommeil et que les glissements de mon imagination portée par les naissantes poussées du désir, avait conduit à cette étrange figure ? Je ne sais.
J'ai souvent par la suite reconvoqué cette image, pour provoquer le retour de la délectable sensation que je ne m'expliquais pas et qui s'associait pour moi bien plus au corps amputé et surpris qu'à la nudité elle-même. Peu à peu j'ai enjolivé l'histoire, il m'arrivait de m'approcher de la belle fille étrange, de la toucher, de caresser ce ventre, non pas ce sexe que je ne voyais pas, dont j'ignorais même comment il était fait, mais ce ventre et la troublante courbure de ce moignon de cuisse.
Peu à peu ces rêveries ont cédé la place à des images plus banalement sexualisées. Le corps amputé a cessé d'être objet de fantasme mais je n'ai pas oublié la forme de cette première imagination. Et la position du voyeur est restée un aliment privilégié de mes fantasmes.