Chroniq’hebdo | D’une parole libérée, de quelques auteurs et de la campagne

Pierre Kobel

Depuis quelques semaines, l’actrice Judith Godrèche fait la une des médias pour dénoncer l’emprise de certains réalisateurs et acteurs sur de jeunes femmes, voire très jeunes, qui débutent dans le milieu du cinéma et sont leurs victimes. Parole nécessaire de toute évidence, mais qui interroge bien au-delà de la seule dénonciation. Aujourd’hui le cinéma est déjà une cible avec ce qui est reproché à Depardieu. Hier les médias l’étaient après les accusations se poursuivant et se multipliant de l’affaire Poivre d’Arvor à d’autres moins sur le devant de la scène. Des affaires, il y en a aussi dans le monde politique quand des hommes de pouvoir sont montrés pour les abus qu’ils se sont permis, et je ne peux oublier le scandale des agressions sur des enfants et des jeunes gens par des hommes d’Église.

Alors oui, c’est bien de libérer la parole, d’exiger justice, mais je ne peux m’empêcher de penser que tout ce qui est dit ne fait que dire les symptômes sans dire la cause. Et je sais que je me répète, mais rien ne changera quant au fond tant que la sexualité ne sera pas un sujet abordé librement et sans complexes. S’il y a violence de la sexualité chez beaucoup, c’est parce qu’il y a silence, méconnaissance, morale castratrice, religion pernicieuse, et frustrations, honte, rejet, tout ce qui crée un cocktail explosif.

Ce que j’écris n’est pas une excuse à ces violences, j’essaie seulement de m’expliquer les choses, de trouver des arguments qui répondent à mon malaise et aux questions que je me pose.

Il y a ce qui était normal et qui ne l’est plus, ce qui était toléré et qui ne l’est plus.

Il y a les hommes et les femmes et ma crainte d’un fossé de plus en plus infranchissable, d’une relation de plus en plus impossible.

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Je poursuis ma lecture du Blaise Pascal de Bernard Grasset. Un vrai travail d’écriture. Mes souvenirs de Pascal s’arrêtent à ses Pensées et encore, il ne m’en reste pas grand-chose. Je crois l’avoir un peu repoussé dans les limbes de mon athéisme et de mon refus de tout prosélytisme spirituel. Grâce à Bernard, je découvre un homme multiple, complexe, qui a trouvé dans la foi, une réponse à ses interrogations sur l’humanité. Réponse qui n’est pas la mienne et ne le sera jamais, mais je me retrouve dans le souci d’une permanence au-delà de ma personne. Si ce n’est que je ne la cherche pas dans un autre monde, un au-delà qui me semble tout à fait improbable. Pascal, c’est aussi les souvenirs des cours de littérature puis de philo en terminale. Aujourd’hui les philosophes me font fuir lorsque je les entends dans les médias. Toujours à couper les cheveux en quatre d’une façon dont se moquait déjà Montaigne avec sa liberté de pensée. Montaigne qui a inspiré Pascal qui a puisé souvent dans les Pensées. Et cela m’amène à Christian Bobin qui écrit avec la même liberté. Je l’évoque au présent à l’heure de lire son dernier livre qu’il a terminé sur son lit d’hôpital. Ces auteurs prouvent que la littérature rend immortel.

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Une semaine à la campagne. Repos dans cette solitude de village que j’évoquais la semaine dernière. Pas vu plus d’une dizaine de personnes durant ces sept jours. Longues promenades par les chemins de terre dans le silence de la nature avant de retrouver ce week-end le brouhaha des transports, la foule indifférente et pressée. Humanité sans esprit.