Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Grains de sel
Grains de sel
Grains de sel

Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
Voir le profil de apagds sur le portail Canalblog

Newsletter
Commentaires récents
1 avril 2024

Chroniq’hebdo | De la poésie, de Pierre Soulages, de Manu Larcenet, du viol

Pierre Kobel

Soirée de poésie à Montreuil en début de semaine. Durant de longues minutes, je fais un pas de côté à l’écoute de ces textes qui me conduisent au monde comme le monde me conduit à la poésie. Je retrouve des amies et sur scène, parmi les invités en lumière, Katerina Apostolopoulou qui fait partie de l’équipe de Hala Mohammad et est ce soir-là mise en avant.

« Vivre pauvre sans être rustre
Avoir peu et tout offrir
Garder le meilleur pour l’ami ou l’étranger
Reprendre tous les matins le même chemin
Savoir que toute la vie sera ainsi
Et en sourire


Moi
J’ai vu
Sisyphe heureux. »

La poésie, elle occupe une partie de ma semaine avec la construction d’un nouveau recueil personnel de poésie. C’est toujours une aventure qu’un tel projet qui engage beaucoup de soi, beaucoup de ce qui n’est pas dicible autrement.

LCP diffuse un Rembob’INA consacré à Pierre Soulages. À le voir peindre, à l’entendre parler de son art, je sais ce qu’il y a là qui va bien plus loin que les apparences de ses toiles. S’arrêter devant une toile de Soulages, c’est faire une traversée du miroir. Je me souviens avoir fait cette expérience dans l’exposition du Centre Pompidou en 2009-2010 et plus récemment dans les salles du musée Fabre de Montpellier consacrées au peintre.

Mercredi soir, la Grande librairie recevait, entre autres, François Sureau et Manu Larcenet. Je connais très imparfaitement le premier, un personnage riche et multiple qui m’intrigue. Manu Larcenet, je l’ai découvert avec ce chef-d’œuvre qu’est Blast. Aujourd’hui, il adapte en BD le roman de Cormac McCarthy, La route. L’homme ne laisse pas indifférent. Bipolaire, il vit beaucoup dans le retrait, mais toute son œuvre dit combien il sait observer, percevoir l’humanité et, si sa vision en est très sombre, elle en est en même temps une expression profonde.

*

Je regarde en replay, un documentaire sociétal diffusé sur France 5 : Viol, défi de la justice qui n’est pas sans rappeler le film d’Yvan Attal, Les choses humaines. Le documentaire montre un procès pour viol à la cour criminelle de Nantes. Il participe de cette augmentation très sensible des plaintes pour viol depuis 2017 et le début du mouvement Metoo. Il met en cause un jeune homme qui est accusé d’avoir abusé une jeune femme en se faisant passer pour le compagnon de cette dernière dans le noir. C’est parole contre parole.

Là, où, il y a seulement quelques décennies en arrière, les faits seraient restés ignorés et sous silence, ils sont portés en justice aujourd’hui et disent beaucoup du regard de la société sur la sexualité. Trop longtemps, tout rapport sexuel impliquait le pouvoir de l’homme sur la femme et une certaine infériorité de cette dernière. Aujourd’hui, si cette relation entre les sexes évolue nécessairement, elle ne peut que prêter à des bouleversements, à des interprétations divergentes, à une modification des imaginaires et des rapports de pouvoir entre les personnes.

Le viol et l’inceste seront des sujets très présents dans le fonds de l’APA et témoignent de ce qui a été enfoui durant trop longtemps. Si nous en avons trace dans ces documents, il reste beaucoup à faire pour que la société se regarde en face et change. Au moment où j’écris cela, j’entends que le nombre de viols et d’agressions sexuelles par an en France est estimé à 94 000, ce qui fait plus de 250 par jour. Et que penser d’autres pays, d’autres cultures où la situation est pire, voire incontrôlée ?

Avec les amis de l’APA, nous avons évoqué de faire de ce sujet le thème d’une manifestation ou d’une publication. Nous savons que le nombre de témoignages dans le fonds correspond à une douleur et des traumatismes qui n’ont trouvé que ce support pour être exprimés. Là encore, c’est un moyen de libérer la parole.

La semaine dernière, durant le week-end de l’APA, au cours d’un déjeuner, nous en sommes venus à évoquer Christine Angot et j’étais de ceux qui, tout en lui reconnaissant un talent authentique, regrettent qu’elle revienne sans cesse à ses traumatismes d’enfance. Je lis maintenant un entretien que Judith Godrèche et le juge Édouard Durand accordent à Télérama et je réalise combien j’ai tort de juger ainsi la parole d’Angot. Édouard Durand explique ce qu’il en est ; « Une des raisons pour lesquelles la parole des victimes est si souvent étouffée, même quand on lui permet d’être prononcée, c’est qu’on l’enferme dans le privé irréductible. On écoute sans être impliqué, sans être concerné. […] C’est toujours ce qui se passe. Christine Angot le dit : même dans la dénonciation, on entend quelque chose qui est de l’ordre de la satisfaction d’une envie de voir. Il y a aussi le confort de ne pas prendre parti, de ne pas risquer de se confronter au pouvoir. »

Oui j’ai eu tort de ne pas l’écouter en face, de m’en tenir à des préjugés, à une facilité, à un repli égoïste.


 

Publicité
Publicité
Commentaires
Mode d'emploi

Adresser votre texte (saisi en word, sans mise en page, en PJ à votre mail) à l'adresse :

apagrainsdesel@yahoo.com

- Envoyez si possible une image (séparément du texte). Cliquez sur les images pour les ouvrir en grand
- Précisez sous quel nom d'auteur il doit être publié
- Merci de ne pas adresser de textes trop longs afin de laisser son dynamisme à la lecture. Des billets de 2000 à 4000 signes environ sont les plus adaptés à la lecture dans un blog.
L
es administrateurs du blog se réservent le droit de publier un texte trop long de façon fractionnée.


 

Publicité
Archives
Publicité