En ville

9 mars 2021

Brigitte Baudin

Ce mois-ci, je n’ai pas vu grand monde dans ce hameau le plus souvent déserté par ses habitants qui travaillent ou se confinent dans leurs maisons.

J’ai pris le temps de me remettre à lire Ulysse de James Joyce, un livre foisonnant qui raconte une journée à Dublin. Si tu veux rencontrer du monde, rentrer dans tous les lieux qui nous sont interdits aujourd’hui, participer à des discussions enflammées, tu ne peux pas être déçue.

À deux reprises, je suis allée en ville et, dans celle que j’ai quittée il y a deux ans, je me suis baladée en faisant comme l’auteur, en commentant les lieux qui me sont encore si familiers.

Une tempête sous un crâne… Passage devant le cinéma et souvenirs des années où ce n’était pas encore un multiplex, aux longues queues dans lesquelles on s’insérait pour assister aux séances des dimanches 14 h 30 et 17 heures 30, aux films qui pouvaient rester plusieurs semaines, car tout le monde voulait les voir (Les canons de Navarone, La Guerre des Boutons, Ben-Hur, Les dix Commandements, West Side Story…), balade le long du lac sur lequel les lycéens du début des années 60 patinaient pour rejoindre leur établissement scolaire, jetée sur laquelle, avec mes amies, je faisais du vélo et du patin à roulettes, magasins qui ont changé d’enseignes ou qui ont disparu, Prisunic devenu Monoprix, Damoy le premier self-service, La Hutte tuée par Décathlon… Une heure de rencontres avec toutes les personnes qui ont partagé une part de ma vie en faisant le tour du lac et en me rappelant les habitants des maisons dans lesquelles je suis entrée, les spectacles que j’ai vus au Casino ou à la Salle des fêtes avant qu’une grande scène ne soit régulièrement installée sur ses eaux pour offrir des concerts gratuits à tous les amateurs.

Je ne veux pas être indigeste, mais, comme dans Ulysse, les personnages de mon histoire sont nombreux et de retour dans ma campagne, ils vont me tenir compagnie.

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