Antoinette, ou plutôt rien ?
Nadine P.
Je lis à l’instant sur le blog, le billet de Bernard M. « Séries ». Séries et affiches délavées du cinéma toujours fermé, l’envie d’une salle obscure, autres pauses écrans au présent. Passant souvent devant ces cinémas aux portes closes, je partage ô combien cette vue des choses.
Dans cette période d’attente, une remarque m’est venue la semaine passée.
Je ressens parfois un malaise en regardant un film, comme une honte.
Quand par exemple l’histoire se passe ailleurs qu’en France et que durant quelques scènes les personnages se rejoignent dans ce « pays merveilleux » où il y a forcément des nappes à carreaux sur les tables et un fond d’accordéon. Heureusement, le metteur en scène évite tout de même le béret et la baguette sous le bras. L’honneur est sauf !
J’ai eu cette même sensation, cette gêne hélas ! plus longuement, en regardant Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal.
Antoinette attend l’été et la promesse d’une semaine en amoureux avec son amant, mais celui-ci annule leurs vacances pour partir marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille. Antoinette part alors sur ses traces. À son arrivée, point d’amant, seulement Patrick, un âne récalcitrant (ça, c’est LE gag du film !) qui va l’accompagner dans son périple.
Une partie de campagne vue par quelqu’un qui n’y met jamais les pieds ? Pourquoi pas, le problème c’est que le scénariste semble lui aussi concerné par l’affaire.
Une histoire d’amour fraîche, en ces temps lourds ? Pourquoi pas, mais elle est tellement sans surprise qu’elle en devient insipide, creuse.
Pourtant je suis bon public, j’aime regarder des films divers, des comédies, voire même parfois des films à l’eau de rose (j’avoue), mais là, c’est affligeant, même pas drôle. Si, comme le disent des critiques sérieux, ça donne envie de se rendre dans ce « joli coin de France », il va falloir jeter les clichés avant de les mettre dans la valise. Le pire c’est que les auteurs du film n’ont même pas profité pleinement des paysages pour les mettre en valeur.
Je ne comprends pas qu’on puisse se pâmer devant ce film sans poésie, sans consistance. Des commentaires ont même comparé cette œuvre à celle de Rohmer ou le conte d’Orwell La ferme des animaux. Ouh là là ! Je m’étrangle. Il est vraiment temps que les cinémas rouvrent. Et, même si on est en manque, on ne touche pas bêtement à ce texte d’Orwell, c’est sacré.
Alors oui, on a peut-être besoin d’air pur et de films aux histoires légères, pas sûr d’ailleurs, mais ça, ce n’est pas un bon film et tant s’en faut.
Film du dimanche soir pour remplacer l’épisode 6 d’une série ? Bon, pourquoi pas ?
Quand je songe que l’interprète principale a eu le César de la Meilleure actrice…
À vouloir à tout prix se gorger de culture, voire de culture qui fait du bien, je crains pour la première fois le pire.
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