Écrire et lire, des cadeaux
Nadine P.
Parfois je me demande si l’écriture n’est pas un emprisonnement, une contrainte volontaire qui me tient enfermée quand au détour d’un rêve, d’un chemin parcouru dans les bois ou d’une rencontre, je forme déjà les phrases sans pouvoir y renoncer, ajoute les virgules et points à ce texte imaginaire, reprends quelques mots pour en choisir d’autres, tout ça en pensées comme si j’étais à mon bureau devant ma fenêtre et que des traces s’inscrivaient là pour donner corps aux instants vécus.
Dimanche frais, pluie qui s’annonce, thé qui m’accompagne je ne suis plus du tout dans ce constat, bien au contraire. Je me laisse bercer par le hasard d’un verbe, par le souvenir court d’un hier tout proche à décrire ou par mon matin à peine né et je suis ravie de pouvoir écrire, savoir écrire, même si mes formules sont infiniment simples et sans prétention, que mon vocabulaire est humble et que mes écrits n’ont pour orgueil que de savoir mettre un point final à un texte quand j’estime le moment venu. Écrire dans sa langue maternelle est un cadeau. J’aimerais pouvoir le faire dans la langue de mon ancêtre Valentino. Un jour, peut-être.
Dimanche matin, seul jour sans réveil sonore, je prends le temps. Sur mon vieil iPhone, je ne peux plus faire ceci/cela, mais je peux lire les billets du blog Grains de sel. Je cale mes oreillers. Je vais d’un texte à un autre, longeant les textes mêlés, reconnaissant le style d’une autrice ou d’un auteur, relevant des affinités avec les dires d’une même plume.
Marchés et usines, maisons familiales ou d’écrivains, mots tristes et poétiques de départs trop tôt survenus ou de vieillesse crainte, jardins, lectures, rencontres, balades, traces de vies. Une heure plus tard sourire aux lèvres je me décide à quitter le blog, labyrinthe bien plus passionnant que le fourre-tout Goo… qui happe tout !
La lecture est un emprisonnement volontaire. Je suis ravie de pouvoir lire, savoir lire, même s’il me reste tant et tant à découvrir. Lire dans sa langue maternelle est un cadeau. J’aimerais pouvoir le faire dans la langue de mon ancêtre Valentino. Un jour, peut-être.