Connivences
Marie-Françoise Despres-Lemarchand
Un « beau » (en direct d’une vieille Normande impénitente !) samedi de pluie, à l’heure exquise de la pause de début d’aprèm », tout en plaid douillet, rituelle tasse de café agrémentée d’un carré de chocolat archi noir et – cerise du jour à défaut des fruits exténués d’eau qui pourriront sans doute avant que de mûrir (ben ça alors ! dirait-on point un alexandrin ?!), bon, disais-je, cerise du jour : le numéro de l’APA sur « la jeunesse » !
Lovée sur le vieux canapé donc, crayon en main pour biffer les pages avec enthousiasme, chouette ! un peu comme si on retrouvait une lointaine famille (d’année en année, de revues en billets « grains de sel ») des noms, des coins d’histoires, des lieux qui s’ajustent, se recoupent, ricochent…
Peut-être est-ce le prisme d’années communes aussi ou presque ?… tous plus ou moins, me semble, dans la grande marmite des années 50, 60… aux prénoms bien estampillés sexa/septua (Bernard/Catherine… Isabelle flirte un peu avec la modernité quoique… un petit parfum kilt, chaussettes blanches et tub Poppys !) Les vitres ruissellent, les feuillages ploient et je coche les paragraphes joyeusement ! Ah oui ! les journaux d’ado, aux pages quadrillées, couvertures ocre ou bleu passé, écornés, rafistolés, enfouis des années au fond d’un tiroir, rouverts furtivement entre émotion et étonnement consterné ! Il n’y avait pas de tables de multiplication au dos des miens, mais un graphisme fringant que soulignait le mot « Chambord », et, pareillement, moult élans lyriques, émois amoureux sur fond d’enfance aux joues rondes et de puberté incertaine qui rendait le sexe opposé totalement nébuleux, pas de parents modernes imprégnés de la mouvance 68, mais, bizarrement, sur fond d’éducation archi classique, des escapades désormais inconcevables (groupe de filles partant à bicyclette sillonner les routes de la Manche et du Finistère, déployant leur duvet au gré des étapes dans des granges, des salles municipales ou des presbytères !), et un radieux séjour en Grèce et Crète l’été 1976 où déjouant la tutelle de notre professeur de lettres (respectable religieuse que le ciel éblouissant et le parfum des couvents orthodoxes abîmaient dans des élans mystiques) nous découvrîmes l’ivresse de l’autostop et des premières boîtes de nuit !!!
Il pleut toujours. J’ai fini ma tasse de café depuis longtemps. La revue a glissé sur le tapis. Merci, « amis » de l’APA ! J’ai fait un merveilleux voyage !
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APA | La Faute à Rousseau 87 : Jeunesses