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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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2 mars 2022

Du bon et du moins bon

Nadine P.

20220302gds-vie-npic_du_bon_et_du_moins_bonJ’ai eu envie bien sûr d’écrire mon ressenti face à l’actualité. J’ai songé à ces marques relevées depuis longtemps, notre sidération chaque fois emprunte de notre logique et de notre naïveté attachées à la démocratie et à nos valeurs, des virages impossibles dit-on, car comment y croire, avant qu’ils soient là, devant nous : Le Pen père et fille au deuxième tour des élections présidentielles, le retour des taliban en Afghanistan et la proposition de « discuter avec eux », l’élection de Trump, le Brexit, Éric Zemmour qui se réclame de Victor Hugo, Marine Le Pen à nouveau, mais cette fois « en gentille » et leur auditoire qui ne se cache pas en 2022. La liste de ces moments où nous avons été stupéfiés, pétrifiés, n’est hélas pas exhaustive c’est celle qui m’arrive en écrivant sans prendre plus de temps pour l’élargir et elle peut l’être, Poutine en étant la preuve et en en faisant la Une à présent. Un mélange des genres ? Pas si sûr !

Malgré ce sinistre inventaire, je refuse d’être négative, de me laisser aller à une déprime généralisée. Je pense même qu’au milieu de ce marasme ambiant, les petites et fines bulles d’un bonheur diffus se remarquent plus, se démarquent tant qu’elles en deviennent encore plus attirantes. Pas d’angélisme, la vie dans ces instants du quotidien, avec du bon et du moins bon.

« L’espérance serait la plus grande des forces humaines si le désespoir n’existait pas. »
Victor Hugo. Je ne me réclame pas de lui, mais je le cite.

Du bon,

Hier, traverse devant moi une lectrice assidue. Concentrée sur sa lecture, elle en oublie le bruit du boulevard, les feux qui libèrent les voitures, le froid glacial même la jeune femme qui d’un rythme enlevé actionne la poussette dans laquelle elle se trouve. Ce bébé de deux ans pas plus, se cramponne de ses mains potelées et de ses yeux vifs à son livre qu’elle tient « comme une grande ». Cette scène me chavire. C’est si doux. À l’heure où de nombreux parents prêtent leur téléphone portable à leurs enfants du même âge pour qu’ils s’occupent, ce bout d’chou m’offre ma première scène positive de la journée.

Du moins bon,

On a beaucoup parlé il y a quelque temps, ce quelque temps me semblant tout à coup un siècle aux vues des informations qui se sont empilées gravement depuis, du photographe René Robert mort dans une rue de Paris, personne ne lui ayant venu en aide durant des heures. Premier sentiment, c’est terrifiant. Deuxième sentiment, une honte. Honte quelques heures plus tard de m’être arrêtée sur ce fait divers alors que des centaines de personnes meurent chaque année dans ces mêmes rues et qu’un article ne leur est pas dédié. Troisième sentiment, espoir qu’après lecture de ces lignes, les passants s’arrêtent.

Du bon, du très bon,

Je sors de la librairie. Deux heures dans le coin poésie à découvrir, feuilleter, me délecter des conseils de H. passionnée, enchantée de partager avec moi un domaine qu’elle affectionne. Futurs achats pour la bibliothèque, renouvellement du fonds poésie au deux tiers, rayon bien trop pauvre à mon goût.

Je monte dans le tram, ravie. Il freine, puis s’arrête : il laisse passer les oies ! C’est fou. À l’heure où tout va vite, où on ne voit plus rien ni personne se presser étant la norme, un tram s’arrête « pour ça ». Mon cœur est en joie… J’ai peut-être déjà dans mes écrits évoqué cette scène, car elle se répète dans ce coin de ma ville, elle m’enchante tant chaque fois et me rappelle avec émotion ce merveilleux album « Laissez passer les canards » de Robert Mc Closkey. Un bijou.

Du bon et pas du tout,

Lorsque j’attends le bus un matin, un jeune homme qui se dirige vers le lycée non loin de là, mais de l’autre côté du boulevard perd son écharpe. Je ne peux me résoudre à détourner la tête comme si je n’avais rien vu.

Les bus sont rares ce jour-là, grève bien suivie. J’hésite à quitter mon poste puis je repense au photographe. Combien ont hésité à se pencher, combien ont lu le lendemain qu’ils y étaient pour quelque chose ? J’ai traversé en courant. J’ai pris l’écharpe et, le soir, je suis allée la remettre à l’accueil du lycée où j’avais vu ce jeune homme entrer. Ce lycée tout près de chez moi où, quelques jours plus tard, lui ou un de ses camarades s’est fait poignarder. Heureusement ses jours ne sont pas en danger comme il est hélas banal de le dire.

Du mauvais et du bon,

Quand je suis arrivée vendredi à la bibliothèque où je travaille, F. ma collègue m’attendait, fébrile. Deux grandes baies vitrées avaient été brisées dans la nuit. Heureusement le second vitrage n’a pas cédé, personne n’a réussi à s’introduire dans le bâtiment.

Cet acte volontaire nous remplit de chagrin plus que de colère. On tient beaucoup à ce que l’on fait, aux actions que l’on mène dans un quartier où se mêlent les maisons résidentielles au loin et les barres d’immeubles proches. « Ça fait mal au cœur », me dit F. Catastrophée. Moi aussi j’ai mal, mais dans ce qu’elle dit, il y a aussi quelque chose de beau. Elle aime ce lieu, elle l’époussette, le brique, aspire les recoins et les étagères, elle aime travailler là et se sent un membre de l’équipe et bien entendu pour toutes et tous, elle l’est. Elle dit là notre motivation commune, notre lien avec le service POUR le public. Alors, c’est beau ! Comme c’est touchant et à relever l’attitude passée de mode, quand toute l’équipe se retrouve cas contact (car Covid il y a encore) et qu’en un premier réflexe avant d’avoir les résultats des tests, chacun(e) prépare au cas où sans s’être concerté(e), de quoi travailler à la maison. Ah certes, on est loin du cliché des fonctionnaires !

 

La vie, des bulles d’air claires et des perles de plomb.

 

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