Petit rappel de vocabulaire

 Daniel Valin

 Copain d’école

Tous les camarades de classe sont des copains potentiels même Daniel Lefrançois qui a invité son copain du vingt-huit route d’Oudalle à venir chez lui et le met au défi de goûter un pain du savon à barbe utilisé par son père. Le goût est évidemment des plus piquants et la bouchée est avalée sans broncher afin de garder la face. Laborieuse et douloureuse sont les qualificatifs qui caractérisent la digestion qui s’en suit. La gourmandise est plus qu’un vilain défaut !

 Galoche

 Le grand frère est le dernier à chausser des galoches à semelles de bois pour aller à l’école, il faut dire qu’il est né en mille neuf cent quarante en pleine période de guerre. L’enfant Daniel est le premier à étrenner des chaussures montantes neuves achetées chez Taclé, le marchand de chaussures de la place d’Armes près de la boucherie chevaline. Le port de ces chaussures d’hiver est de rigueur dès le premier octobre, jour de la rentrée scolaire, même si le soleil est au beau fixe et que des sandalettes auraient encore pu faire l’affaire.

 Indélébile

 Les taches d’encre sur les bureaux de la classe sont loin d’être indélébiles, une fois par trimestre le maître demande à chacun d’apporter sa petite fiole d’eau de javel et une feuille de papier de verre pour éliminer les taches. La salle de classe se transforme en un grand chantier poussiéreux et odorant.

 

 Jeudi

 Il n’y a pas d’école, c’est jeudi. L’enfant reste longtemps au lit d’où il perçoit les bruits des voitures qui circulent sur la route d’Oudalle. Très rapidement il parvient à les reconnaître sans les voir presque toutes, la traction avant avec sa boite de vitesses qui chante, la deux-chevaux et la Panhard avec leurs bruits de casserole, les 203 et 403 pétaradant dans les décélérations, le chant doux du six cylindres de la Versailles. Au lever, dans la cuisine, ce n’est plus le royaume des bruits, c’est celui des odeurs. Difficile d’avaler le bol de café au lait accompagné de l’odeur tenace des oignons que maman fait rouir pour le traditionnel ragoût du jeudi midi.

 Morue

 Menu d’hiver pas toujours très apprécié quand il s’agit de morue salée. L ’huile de foie de morue en guise de fortifiant est absolument dégoûtante. La morue, c’est aussi le vêtement de pluie en toile cirée, à la mode empruntée aux marins pêcheurs, il est amusant de plier le bas du lourd vêtement pour faire une gouttière faisant ruisseler l’eau de pluie ainsi canalisée sur les chaussures.

 Morve

 Renifler sa morve, c’est remonter son grand-père au grenier !

 Octobre

 Le premier octobre, c’est le jour de la rentrée des classes depuis mille huit cent quatre-vingt-onze pour permettre aux enfants d’aider leurs parents à terminer les moissons ou les vendanges.

 Paletot

 Un paletot, c’est un manteau en un peu plus court.

 Quatorze

 Bien sûr la Grande Guerre a laissé des traces dans le langage parlé que l’enfant entend comme repartir comme en quatorze mais il n’en saisit pas bien le sens. Ce que sait l’enfant c’est qu’à l’âge de quatorze ans, il faut aller à l’école d’apprentissage de l’usine pour devenir un ouvrier comme tout le monde dans la cité. C’est avec satisfaction qu’il apprend que Monsieur Combot le propose pour aller au lycée de Montivilliers avec apprentissage du latin en section classique.

 Sage

 Pourquoi une image est-elle sage ?

 Vaccins

 La vaccination est obligatoire, les premiers rappels ont lieu pendant la scolarité élémentaire. Il s’agit du fameux DTTAB, diphtérie, tétanos, typhoïde A et B. S’y ajoute bientôt la poliomyélite en mille neuf cent cinquante-cinq. Les séances de vaccination ont lieu dans la cantine de l’école, c’est le docteur Fleury qui officie, pas celui qui visite ses malades en moto et qui arrive chez les gens avec les mains pleines de cambouis, mais son père, un vieux docteur aux mains tremblantes. Il opère avec une grosse seringue, dont l’aiguille est stérilisée sur la flamme d’un réchaud à alcool. L’injection est douloureuse, l’enfant craint évidemment que l’aiguille se brise sur son omoplate. Il a la permission de rentrer à la maison en marchant l’épaule pendante et douloureuse pour tenter d’atténuer le mal. Après manger il se met au lit jusqu’au soir.

 La vaccination contre la tuberculose est tout aussi impressionnante, mais moins douloureuse, c’est une piqûre intradermique inoffensive qui provoque une drôle de petite bosse sous la peau suivie d’une surveillance annuelle. Puis vient le contrôle annuel par cuti réaction avec un examen visuel une semaine plus tard. La cuti est vite remplacée par l’inoffensif timbre antituberculinique.

 

 V comme visite (médicale)

 Une fois par an, c’est la visite médicale à l’école. La classe est conduite en rang vers la cantine scolaire où le vieux docteur Fleury, celui qui a la tremblote, attend les enfants de pied ferme. Tous les enfants se mettent en slip, là ils sont toisés et pesés, l’infirmière notant tout sur une fiche cartonnée, elle fait lire des lettres en cachant un œil comme si les élèves ne savaient pas lire. Puis c’est le passage devant le docteur armé de son stéthoscope tout froid et de l’abaisse-langue en bois qui donne envie de vomir, parfois il martèle les genoux avec un drôle de marteau arrondi et par miracle la jambe se détend, le plus rigolo c’est qu’il abaisse le slip de chacun pour tâter les parties. Le timbre antituberculinique ne fait pas peur. Parfois une radiographie des poumons est effectuée dans un véhicule médical spécialement aménagé.