Chroniq’hebdo | Du ciel, de Notre-Dame, des livres et de Jane Birkin

Pierre Kobel

« Ne pas croire en Dieu ni l’inverse, mais croire au ciel, croire dans le ciel au-dessus de nos têtes. Non cette chape qui nous enfermerait dans une prison terrestre mais ce merveilleux écrin perpétuellement changeant qui soulève et soulage le regard.

Le ciel nous renvoie à notre être ontologique. C’est pourquoi l’expérience du ciel est si proche de la poésie. Et c’est la raison pour laquelle il est si difficile pour l’homme pressé de lever la tête. » écrit Patrick Corneau dans son blog, Le lorgnon mélancolique.

Promenade à Paris entre le pont Louis-Philippe et Saint-Michel. J’ai levé la tête et vu Notre-Dame, prise dans les rets des échafaudages et s’élevant au ciel cependant. Dans ma tête résonnent les notes des grandes orgues à la tribune desquelles j’accompagnais mon oncle, l’écho des cloches parmi lesquelles le bourdon que mon père et quelques autres firent sonner le 8 mai 1945 pour célébrer la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie.

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Paris l’été, les transports avec moins de presse, la possibilité de flâner de rue en rue, de quartier en quartier. Nous poussons jusqu’au parc Georges Brassens où se tient chaque samedi et dimanche un marché des livres d’occasion propice à de séduisantes trouvailles. J’y vais les mains dans les poches de crainte d’y laisser plus que ne contient mon portefeuille.

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Alors que je boucle cette chronique, j’apprends la mort de Jane Birkin. Qu’ajouter à tout ce que je lis dans la presse ? C’est l’émotion qui domine tant cette femme savait allier la grâce et la détermination. Pour ma génération, elle avait quelque chose d’une égérie post-soixante-huitarde et symbolisait à sa façon la libération prônée par les événements. Je me souviens d’elle en concert au Bataclan, encore toute aux chansons de Gainsbourg. Je me souviens de son sourire au détour d’une rue, rencontrée dans une manif à laquelle elle était venue avec sa fille Charlotte. Simple et chaleureuse comme la vie et sans doute dupe de rien pour ce qui est de la notoriété.

Elle sera de ces disparus, proches ou lointains, que je n’oublierai jamais.

Les rares

Ne me dites pas qu’ils sont fous
Leurs chemins de traverse
Mènent aussi à la lumière

Ne me dites pas que le gravier
De leur parole pèse trop lourd
À les lire on crève les nuages

Ne me dites pas qu’ils délirent
Leurs rêves sont des vérités
Bien plus que nos réels

Ne me dites pas qu’ils sont morts
Ils sortent de leur corps
Ils s’évadent de la pesanteur

Petit caillou dans ma main
Pierre noire du monde
Pour résister

Internet

• Le lorgnon mélancolique

• Wikipédia | Jane Birkin