Mon non-agenda
Bernard M.
Il y a quelque temps, Elizabeth, après nous avoir présenté le bel agenda qu’elle venait d’acquérir en prévision de la nouvelle année, terminait son billet en nous demandant : et vous comment vivez-vous avec votre agenda ?
Las, je n’ai pas d’agenda…
À vrai dire ce n’est pas tout à fait vrai. J’ai un affreux petit carnet publicitaire donné par une quelconque banque sur lequel je note juste les dates et heures des rendez-vous à venir pour ne pas les oublier, mais sans le moindre commentaire et sans l’enrichir comme Elizabeth le fait de considérations sur ce qui est déjà passé.
Je fonctionne à la To do list. J’ai une grande feuille de papier sur mon bureau que je date et sur laquelle je note diverses choses à faire à court ou moyen terme : coups de fil à passer ou courriers à écrire, courses à faire, rendez-vous à prendre, rangements auxquels procéder, articles à écrire… Certaines de ces entrées sont affublées de la mention urgent, d’autres soulignées pour marquer leur importance. La grande satisfaction c’est de pouvoir les rayer parce que les choses ont été faites. Au bout d’un moment la liste largement rayée part à la poubelle, c’est le moment d’en créer une autre sur laquelle se retrouveront quelques-unes des choses à faire de la précédente liste qui n’ont pas été accomplies. Par exemple la mention « ranger la bibliothèque » se retrouve allégrement de mois en mois, car je n’ai toujours pas pris le temps de réduire les piles qui s’amoncellent sur le manteau de la cheminée de mon bureau ou sur ma table de nuit pour glisser les bouquins déjà lus, parcourus ou sur lesquels je sais que je ferai l’impasse, là où ils devraient aller.
Quant à ce qui a été déjà vu ou lu, je le consigne dans un fichier annuel que j’appelle Memento. J’y écris deux/trois lignes sur chaque livre, film, émission de télévision, expo, juste pour pouvoir me les remémorer un minimum. Cela fait une dizaine d’années que je fonctionne ainsi, à partir du moment où j’ai commencé à me dire : « on a été au cinéma plusieurs fois ces derniers temps, mais bon sang qu’est-ce qu’on a donc vu ? ». Indispensable béquille de la mémoire au cerveau vieillissant…
À mon agenda tout de même ce dimanche, je crois que je vais mettre un match de foot. Je ne suis vraiment pas footeux. Mais tout de même voilà que ma petite cité avec son club amateur de sixième division s’est trouvée tirée au sort pour jouer le 32e de finale de la coupe de France. J’ai vu une vidéo du tirage. Joie de l’équipe et de ses supporters. Puis tirage de l’adversaire. Bingo c’est le PSG. Alors là, délire dans le local du club, l’équipe et les fans se livrent à une farandole endiablée. Le match ne pourra se jouer sur place, le stade de la ville n’étant pas homologué pour une telle rencontre et il aura donc lieu à Castres. Le match sera retransmis dans la salle des fêtes municipales et j’irai, je pense, y faire un tour. Les pronostics sont des plus variés entre les grands pessimistes qui vont jusqu’à craindre un 100-0 (où le disent simplement pour pouvoir ensuite affirmer que finalement ça a été moins pire !) et les optimistes qui affirment que le club galvanisé fera efficacement de la résistance. En tout cas partout dans la ville des affichettes avec comme slogan que je trouve pas trop mal trouvé : « Laissez-nous rêver ».