Chroniq’hebdo | D’un cimetière, des Droits des femmes, d’un livre, de la musique et de la poésie

Pierre Kobel

Après-midi au Père-Lachaise. J’ai enfin retrouvé la tombe de Christine Pascal, la réalisatrice et comédienne qui a sa place dans la dernière Faute à Rousseau après l’avoir eue durant les journées de l’APA en 2023. Moi qui aime les cimetières, je suis choqué de voir l’abandon de certaines tombes. Il y a celles qui le sont parce que très anciennes et que, sans doute, plus personne ne sait qu’elles sont là. Il y a aussi celles qui sont récentes et dont personne ne s’occupe. Ainsi celle d’Alain Rey, celle de Manu Dibango dont le seul nom indique l’emplacement de leur sépulture. Deux personnes qui furent connues, qui firent les beaux jours de l’édition lexicographique pour l’un, de la musique pour l’autre, qui rapportèrent sans doute beaucoup d’argent à leurs éditeurs et dont les sépultures sont aujourd’hui négligées.

Quand je mourrai, je veux être incinéré et disparaître ensuite. Plutôt cela que de reposer dans un lieu où personne ne viendrait et qui ne dirait plus rien à personne au-delà d’une génération.

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Ce vendredi, journée des Droits de la Femme et je ne peux m’empêcher de penser que rien ne sera gagné pour les femmes tant que cette journée existera. Si elle permet de pointer les inégalités à combler, les violences toujours insupportables, elle reste aussi pour certains le moyen de se dédouaner de tout ce qui ne change pas. « Voyez comme nous sommes des hommes bien ! Nous sommes aux côtés des femmes en cette journée ! » Et le reste de l’année, ils les maintiennent plus ou moins consciemment en situation d’infériorité pour ne rien perdre d’un statut illusoire et de privilèges égoïstes. Je pense aux propos de Simone de Beauvoir, rapportés par l’écrivaine et diplomate Claudine Monteil : « Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse pour que les droits des femmes, nos droits soient remis en question. Votre vie durant vous devrez demeurer vigilante. »

Durant la cérémonie illusoire officielle qui se tient place Vendôme pour célébrer l’inscription récente du droit à l’IVG dans la Constitution, après le discours de Macron devant un parterre très féminin, Catherine Ringer chante une Marseillaise revisitée avec jubilation pour le plaisir de tous.

Coïncidence, dans le même temps je termine la lecture du récit autobiographique de Nuala O’Falain, On s’est déjà vu quelque part ? que nous avait signalé une amie du groupe parisien de l’APA auquel j’appartiens. Personnage atypique dans une Irlande écrasée par les conventions et le pouvoir des prêtres, Nuala O’Falain se raconte avec une humanité et une authenticité percutante. Son livre sera libérateur pour nombre d’autres femmes irlandaises et aussi quelques hommes.

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Vendredi encore, je vais à un concert d’Éric Serra et de son groupe. Soirée joyeuse à réécouter les musiques des films de Luc Besson jouées dans l’intime d’un format club de jazz. Au sax, mon neveu, musicien professionnel qui trouve là toute la place de son talent.

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Semaine de poésie également. À l’heure où commence l’édition du Printemps des Poètes, je vais à la Maison de la Poésie pour une soirée consacrée à l’anthologie Grâce… Livre des heures poétiques qui paraît aux éditions Bruno Doucey. Occasion de retrouver mes amis et de partager des textes forts.

Plus tard, dans le contexte des activités d’une association de banlieue, je suis invité à participer à une après-midi de lecture poétique et musicale. Un moment amical qui me ramène aux heures où j’animais un Club poésie à la médiathèque municipale de ma ville. Piqure de rappel à une humilité nécessaire et à la primauté des textes qui importent plus que les souvenirs de nos personnes que nous laisserons.