Les Journées APA 2008 à Marly-le-Roi (sur le thème des rêves). Pauline Picquet

Françoise B.J.

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 Dans ces temps difficiles, il me reste l’écriture. Je continue à élaborer Chère APA, mon aventure autobiographique à travers mes journaux (le premier tome est déposé à l’APA).

Le 17 juillet 2008, dans mon journal, j’évoque les Journées APA et la carte blanche de Pauline Picquet.

Pauline Picquet était une grande brûlée et quand je l’avais vue pour la première fois, à Ambérieu l’année précédente, j’avais eu un choc. Son corps, mais surtout son visage, étaient tellement abîmés qu’on n’osait pas la regarder. Cela avait été mon cas, mais j’avais réussi à surmonter ma gêne, je lui avais parlé et j’avais senti qu’elle en était très reconnaissante.

Mon journal

17 juillet 2008

Le point fort des Journées, c’était la carte blanche de Pauline Picquet. J’avoue que si elle ne me l’avait pas demandé personnellement, je n’y serais peut-être pas allée.

Dans un premier temps j’ai dû faire faire un effort pour la regarder, ça fait mal de la voir, visage et mains abîmés. Mais très vite j’ai oublié son apparence physique tellement j’ai été passionnée et impressionnée par ce qu’elle a dit, par sa volonté et son courage. Elle a d’abord raconté cet accident de voiture qui l’a gravement brûlée à l’âge de 23 ans (en 1966), ses multiples séjours à l’hôpital, dans des conditions très difficiles (couchée sur le dos, enveloppée de tissus, interdiction de bouger). Elle a subi de multiples opérations pendant des années. Dès qu’elle le put (dix ans plus tard), elle fit des études de lettres, puis enseigna dans un collège où elle était très appréciée de ses élèves.

Elle a parlé de ses rêves. Pendant tout le temps qu’elle était à l’hôpital, la seule chose qu’elle faisait c’était de rêver, rêves nocturnes, rêves diurnes, rêveries. Ses rêves étaient tellement forts qu’elle les a retenus et plus tard les a notés. Elle en a raconté et analysé quelques-uns. Grand moment, passionnant, bouleversant. Tout le monde avait les larmes aux yeux.

20 août 2008

C’est avec beaucoup de peine et d’émotion que j’ai appris la mort de Pauline Picquet survenue le 7 août. Son témoignage à Marly a été un moment de partage qui m’a apporté beaucoup de choses. Qualité de son intervention, découverte d’une personnalité extraordinaire, regard nouveau sur le problème du handicap et de la souffrance.

Avant de mourir, elle a pu faire ce travail extraordinaire de recomposition de sa vie à travers les rêves, qu’elle a décrits et analysés de façon si remarquable. J’espère qu’un de ses proches va sauvegarder ses notes et les déposer à l’APA (elles mériteraient même une publication).

En pensant à Pauline, je revis toutes ces émotions ressenties au cours de sa carte blanche, avec en plus une profonde tristesse.

Son texte autobiographique, sous forme d’abécédaire, fut publié en 2013 aux éditions Mauconduit sous le titre Sans Illustration. Je l’ai naturellement acheté et lu.

Je viens de le relire pour me remettre en mémoire la vie de Pauline. Pendant ma lecture je la revois, je l’entends parler de sa vie, de ses souffrances, de ses rêves. Je retrouve sa personnalité, son courage et ce qui faisait le sens de sa vie : son travail de professeur, les contes qu’elle inventait et racontait aux enfants et surtout l’écriture :

Vivre : mon horizon à moi a été l’écriture. Horizon lointain qui, peu à peu, s’est matérialisé(…) Et voici qu’à l’automne de ma vie l’audace me vient enfin d’une écriture dévoilée. Et de cette écriture me vient l’envie de vivre, pour écrire.

C’est une belle leçon de courage et de vie, pour nous aussi, en ces temps difficiles !

Note : dans le numéro 49 de la Faute à Rousseau d’octobre 2008, p. 31/32 on peut lire la description d’un rêve de Pauline Picquet et l’article de son amie Évelyne Pansu.

Internet

• Sans Illustration,© éditions du Mauconduit fait partie des publications de l’APA