Sources du Tarn
Catherine Bierling
Le premier septembre, nous rendons notre visite traditionnelle au bon gros géant veillant sur nous que nous pouvons apercevoir au loin lorsque nous sommes en haut du village : la silhouette massive du Mont Lozère. Le soleil brille dans un ciel sans nuages et le vent énervant qui souffle depuis quelques jours sans désemparer s’est mué en une petite brise plus agréable. Encore quelques rafales soudaines, mais beaucoup plus espacées que ces jours derniers. La voiture nous mène jusqu’au Pont-de-Montvert, puis un peu plus haut vers un petit village de montagne aux maisons de pierres et aux toits de lauzes qui nous rappellent que les hivers doivent être bien rudes dans cette contrée. Un petit chemin herbu mène vers les rives du Tarn. Sur notre droite, à perte de vue des vallées et des montagnes. On devine les gorges du Tarn et plus loin, les hauts plateaux des Causses. Voici les « chaos » où le Tarn se fraie un chemin parmi les rochers qui s’amoncellent pêle-mêle comme pour lui barrer la route. Un gué de hautes pierres permet de traverser ses multiples bras. Je ne suis plus aussi à l’aise qu’autrefois pour sauter d’une pierre à l’autre… Le chemin longe la rivière cachée sous les forêts de hêtres, tordus d’avoir résisté aux vents et poussé parmi les rochers.
Petite halte pique-nique sur une de ces grandes pierres plates qui se trouvent dans le lit même de la rivière se faufilant tant bien que mal tout autour, en cascades ou en ruisselets. D’ordinaire on se baigne, ou du moins on se trempe dans ces bassins toujours très frais, mais aujourd’hui vraiment trop froids. Nous nous contentons d’avaler notre pique-nique et de boire notre café en écoutant le grondement de l’eau omniprésente. Reprenant le chemin, nous longeons toujours la rivière qui n’a maintenant plus d’obstacles à franchir, car le paysage est devenu plus plat. Ce sont les sources du Tarn qui s’écoulent en zigzaguant entre leurs plages de cailloux. Une odeur un peu amère de genêts se fait sentir, les bruyères roses sont en fleurs. Par endroits, une courageuse forêt de pins rabougris a repris ses droits. On découvre les grands sommets arrondis du Mont Lozère. Le paysage semble immense, presque infini. Quelques belles vaches aux yeux noirs, aux longues cornes pointues et recourbées et à la robe caramel paissent sur ces rudes prairies.
Nous arrivons au Pont du Tarn qui semble tout droit sorti du Moyen-Âge, avec ses solides arches de pierres massives. (Grès ou schiste ?) Quelques randonneurs ou vététistes s’y reposent, rafraîchissant dans le cours d’eau leurs pieds endoloris. Il me semble que le fameux chemin de Stevenson et de Modestine passe non loin d’ici.
L’air est bourdonnant d’insectes, un bruit auquel on n’est plus guère habitué et qui résonne particulièrement dans le silence environnant.
Un peu plus loin, un aigle ou un milan tournoie dans le ciel au-dessus d’un petit bois. Il se perche sur un arbre qui ondule dans le vent et peine à garder son équilibre.
Je pense très fort à mon amie Danièle qui vient d’être portée en terre dans sa lointaine Bretagne. Je lui dédie cette beauté sauvage d’un paysage qu’elle aurait très certainement apprécié.
Internet
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Wikipédia | Le Tarn (rivière)