Lectures, tricot et théâtre
Mireille Podchlebnik
Presque un mois de repli dû au corps qui lâche parfois sans que l’on s’y attende, mais impose ainsi un repos qui s’avérait peut-être indispensable.
Du fait de ces jours presque confinés, mes activités restreintes ont modifié le cours du temps, mais le dernier billet de Pierre m’encourage à livrer quelques moments marquants de ces dernières semaines.
Plusieurs lectures dont deux ouvrages m’ont particulièrement intéressée : celui d’Amos Reichman Jacques Schiffrin un éditeur en exil. L’auteur, un jeune historien, né en 1990, relate le destin du fondateur de la « Bibliothèque de la Pléiade » marqué par deux exils, le dernier lui sera imposé par les lois antisémites de Vichy qui conduiront aussi Gaston Gallimard à le « congédier ». Le livre est riche de références et documents d’archives. Je découvre que Schiffrin a pu être exilé aux États-Unis grâce au Centre de secours américain créé par Varian Fry à Marseille.
L’autre livre 1913 chronique d’un monde disparu de Florian Illiès revient mois après mois sur les évènements culturels, artistiques et politiques de cette année charnière qui conduisit au premier conflit mondial. L’auteur évoque, parfois avec humour, les moments de vie intime de personnages illustres. Ce livre fait écho à celui de Stefan Zweig Le monde d’hier, le monde des cultures disparues…
Outre les lectures, j’ai pu me déplacer un jour jusqu’à la Nation pour rencontrer une amie autrice canadienne de passage à Paris qui, au-delà du goût de la poésie, partage avec moi des liens entre couture et Yiddish ! Je ne sais comment notre conversation est arrivée jusqu’au tricot qu’elle pratique depuis peu, mais notre échange me décida à apprendre au plus tôt cette activité qui mêle art et thérapie. Une envie de réparer peut-être un manque de transmission ! Ma mère avait appris le métier de tricoteuse en Autriche dans le camp pour personnes déplacées où elle resta plus de 4 ans après-guerre dans l’attente d’un pays d’accueil et je la revois tricotant à toute vitesse des pull-overs pour toute la famille. J’avais récupéré après sa mort des pelotes de laine inutilisées qui vont pouvoir désormais trouver un destin !
Et puis tout dernièrement, un retour au théâtre après plus de deux ans m’a procuré un grand plaisir. Le Théâtre de la Tempête situé dans l’ancienne cartoucherie de Vincennes est un lieu convivial et attachant. Je craignais que la pièce présentée ce soir-là, Les Misérables d’une durée approchant les trois heures, ne soit interminable. Mais le temps a passé vite, la transposition de l’œuvre de Victor Hugo au monde d’aujourd’hui ne pouvant laisser indifférent et la mise en scène et les jeux d’acteurs alertes et puissants ont su capter toute notre attention.
Internet
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Wikipédia | Jacques Schiffrin
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Le Seuil | Jacques Schiffrin. Un éditeur en exil
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Piranha | 1913