Mon cher vieux Baudelaire
Elizabeth LC.
Sauf si cela m’a échappé, il n’existe pas de fenêtre dans les salles de la BNF vouées à l’exposition « Baudelaire, la modernité mélancolique » que je suis allée voir il y a trois ou quatre jours.
J’y pensais depuis longtemps, comme elle a commencé en novembre, mais dois-je le dire, les mesures restrictives de la crise sanitaire m’avaient rebutée ; pour toute visite, il faut une réservation préalable, il ne reste plus aucune place pour l’imprévu. Mais ceci est secondaire. Quant à l’absence de fenêtres, elle convient fort bien à cette exploration d’un monde intérieur.
Je ne vais pas analyser en détail le sujet de l’exposition ([a] la modernité et [b] la mélancolie), d’autres l’ont certainement fort bien fait. Je voudrais juste dire à propos de Baudelaire deux choses qui me sont plus personnelles.
La première, c’est qu’il m’accompagne depuis toujours, pratiquement, disons depuis l’âge de douze ans. J’ai été initiée à Baudelaire, à Rimbaud et à Lautréamont (et plus tard aux surréalistes) par mon frère aîné, aujourd’hui disparu, qui était un « contestataire » avant l’heure (dix ans avant mai 68). Je ne lis plus guère Baudelaire, mais je sais beaucoup de ses vers par cœur. Ils n’ont jamais cessé de me toucher.
La seconde, c’est que l’exposition de la BNF est fort belle et fort bien faite, comme tout ce qu’ils font dans cette vénérable institution. On y voit plein de choses passionnantes et une belle série de portraits du poète – né assez tard dans le siècle pour qu’on puisse en avoir des photos. Pourtant, il me semble qu’il manque quelque chose : l’exposition est trop sage, elle manque de folie, de démesure. Il y a chez Baudelaire, je crois, de l’extrême, de l’inouï, de l’insondable, presque comme si c’était un précurseur d’Artaud. Il aurait fallu faire sentir cette dimension.
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Éditions Dupuis | Yslaire, Mademoiselle Baudelaire