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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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17 février 2022

Pleurs au cinéma du Centre Pompidou

Madeleine R.

20220217gds-ecr_mreb_pleurs_au_cinema_du_centre_pompidouSamedi 12 février 2022, dans le cycle de trois jours « autour de Nous » d’Alice Diop, qui a lancé en 2020 la Cinémathèque idéale des banlieues du monde pour interroger la représentation que l’on a des banlieues et de ses habitants.

Brave (2021, 25 min) de Wilmarc Val

La mère du réalisateur a quitté Haïti et n’a pas pu y retourner lorsque sa propre mère est morte. C’est une grande douleur. Sa mère était une prêtresse vaudou, une Mambo, il faut qu’elle accomplisse le rituel vaudou en son honneur. Elle va jouer son propre rôle et son fils filme les préparatifs, le retour au pays où elle est acclamée, entourée, et toute la cérémonie très impressionnante. L’image qui termine le film, c’est cette mère, de nouveau dans sa banlieue parisienne, qui part, digne, comme chaque matin pour le travail, les ménages, son gagne-pain. Qui peut soupçonner la prêtresse vaudou qu’elle est ?

Après le film, comme Wilmarc était interrogé sur ses intentions et le déroulement du tournage, il se met subitement à ne plus pouvoir parler tant l’émotion le submerge, et deux ou trois minutes après ce sont des pleurs très bruyants qui viennent des premiers rangs de la salle, c’est sa mère… qui est alors invitée par les organisatrices à rejoindre son fils pour parler du film et de cet exil… ils y parviennent très bien au milieu de leurs larmes.

La Permanence (2016, 96 min) d’Alice Diop

C’est une consultation à l’intérieur de l’hôpital Avicenne, au fond d’un couloir, dans une pièce vétuste, avec un équipement minimal. La caméra va du patient au médecin et à la psychiatre également présente pendant la consultation. Un face à face patient-docteur. Le docteur n’est pas tout jeune, il le dit à l’une des patientes qui se plaint de son arthrose, lui aussi en souffre. Les patients sont face au docteur et à la caméra qui s’attarde longuement sur leurs visages. Ils sont dans des situations inextricables : problèmes de logement, d’argent, de papiers, de souffrances physiques et psychiques. Ce sont tous des migrants avec des histoires douloureuses. La toute dernière ne sera vue que de dos, elle a un bébé dans les bras, elle a fui son township d’Afrique du Sud, elle a d’autres enfants restés là-bas, elle est seule ici avec le bébé. (Celui-ci passe dans les bras de la psychologue pendant la consultation) le bon docteur lui demande pourquoi elle est partie et elle parle d’actes de violence qu’elle a subis, des brûlures, à l’âge de 12 ans. Tout à coup, elle se met à hurler de douleur, inconsolable, le bébé, qui n’a pas souri au docteur, mais qui est calme, la regarde attentivement. La mère ne parle pas, elle pleure bruyamment.

Cette permanence qui offrait à tous des consultations sans rendez-vous, gratuites, y compris les médicaments à retirer à la pharmacie de l’hôpital, a été supprimée, le médecin, trop humain, a été renvoyé.

Cela me ramène à ce que dit Janine Altounian des migrants d’aujourd’hui dans son dernier ouvrage :

L’effacement des lieux, PUF, 2019.

« Face aux “migrants” d’aujourd’hui, je me sens donc incapable d’assumer ma situation de privilégiée, fruit du travail acharné de ces migrants des années 1920, mes parents. Dans la mesure où leur destin se répète, mais dans des conditions bien plus désastreuses, je ne peux, dans mon impuissance, que témoigner a contrario de l’environnement qui offrit aux migrants d’après la Grande Guerre un étayage exerçant une sorte de fonction soignante. Cet étayage ne s’offre plus guère aux migrants d’aujourd’hui et son absence ne peut que redoubler la violence de la “migration” à laquelle ils ont pu survivre. Je ne peux, en me dérobant à la question, que répondre en porte-à-faux et exprimer, une fois encore, ma dette à ces primo-arrivants dont le labeur obstiné m’a permis, ainsi qu’à ceux de ma génération, d’échapper à l’insécurité, de me libérer du monde du besoin et d’accéder éventuellement à celui des études et de la culture. Mon témoignage sera donc une interrogation : si les conditions sociopolitiques dont il fait état n’existent plus, par quels autres moyens les pays d’accueil des migrants d’aujourd’hui pourront-ils constituer un environnement susceptible d’exercer, par l’étayage qu’ils leur offrent, une fonction réparatrice ? »

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