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Grains de sel
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16 octobre 2023

Prestation de serment

Anne-Claire Lomellini-Dereclenne

20231016gds-ecr_a_cl_lomellini_dereclenne_prestation_de_serment      Hier je suis allée voir le procès Goldman avec ma fille aînée, dans notre cinéma de quartier.

Je pensais ce matin, juste avant de me lever, qu’il fallait que j’en écrive une chronique, comme j’aime bien le faire pour les films qui m’ont marqué.

 

Cette chronique, je pensais la commencer par ces mots : « Intense. Retour dans une époque pas si lointaine où le racisme décomplexé s’affichait à mots « presque couverts » au sein même de l’antre de la justice pénale... ». Bla bla bla. La chronique se serait ensuite poursuivie, sans aucun doute, par une dérive sur la malheureuse actualité qui n’en finit pas de nous persuader que certains conflits ne changent pas, que l’humanité ne s’élève pas, qu’il est toujours (si) facile, après des années et des années de progrès, de retomber au bas du bas du ras des pâquerettes.

Et puis, je me suis aussi souvenue, entre deux songes éveillés, comme me les réserve toujours les petits matins dominicaux, sans alarme programmée, qu’un détail avait interpellé ma curiosité intellectuelle au cours de la soirée. Ce détail est porté par le discours d’un des avocats de Goldman dans sa plaidoirie finale, celle qui conclut le procès, juste avant les derniers mots de la défense, ceux de l’accusé. Que l’argument fût tiré du réel ou pas, là n’est pas la question puisqu’apparemment, d’après les indications données à la fin du film, les plaidoiries auraient été « réécrites » sans forcément s’inspirer des authentiques. À défaut de savoir, donc, si l’avocat a réellement exprimé sa perplexité en ces termes exacts, il s’avère qu’à l’issue du visionnage de ce procès d’un autre temps, la question posée à cet endroit, et qui illustre parfaitement les débats du dit procès, demeure incontestablement d’actualité, à savoir : La prestation sous serment est-elle un gage d’honnêteté ? Ou pour le dire autrement, l’engagement solennel matérialisé par un lever de main droite ou une main posée à plat sur la bible augmenterait-il réellement la probabilité que ce qui serait déclaré au sein de la Cour de justice des hommes colle au plus près de la vérité des faits ?

L’avocat de Goldman en aurait douté (en tous cas celui du film). Et moi aussi. Surtout dans ce procès où les principaux témoins à charge se contredisent sans arrêt, changent de version entre deux auditions ou bien persistent à garder une version erronée de faits malgré la contradiction avérée. Par exemple, au sein de ce procès mis en scène, une femme témoigne (sous serment, donc) d’une altercation entre un homme, censé être Goldman et un policier en uniforme. Le même policier déclare (fait avéré et attesté par plusieurs personnes) que le soir de l’altercation, il était de repos, sans arme, habillé en civil, assis à une terrasse de café. Gros blanc. Cafouillage en direct souligné par la défense quand le malheureux avocat général ne peut qu’essuyer les plâtres en arguant qu’on ose remettre en cause la parole d’ « honnêtes citoyens » pour défendre un prétendu « criminel » (où est la présomption d’innocence ?).

Goldman souligne par ailleurs, à un autre moment qu’une fine analyse psychologique de son profil, question intime selon lui, puisqu’il refuse de s’exprimer sur son enfance ou sur ses relations avec sa femme, est réalisée en public quand on ne connaît absolument rien des différents témoins qui se succèdent à la barre, et dont, effectivement, le profil psychologique pourrait potentiellement influer sur la nature des déclarations émises. Me viennent alors en tête les termes de voyeurisme – psychanalyse à charge du coupable – déséquilibre d’appréciation des déclarants- question de temps - obligé de recourir au serment. Me viennent également en tête les termes de suranné – Moyen Âge – inquisition – procès à charge. Et entre tous ces extrêmes que ne développent pas toujours les circonvolutions de mon cerveau se détache tout de même, à mon sens, la vraie question que je tente de définir ici :

Est-il encore raisonnable à notre époque, comme en 1976, d’imaginer qu’une prestation de serment officielle, telle qu’elle a lieu dans les cours de justice représente incontestablement un gage d’honnêteté porté par une disposition intellectuelle entièrement vouée à la recherche de vérité et qui serait, par la magie de la main levée, lavée de tout a priori et de tout positionnement radical propre à parasiter, même de manière inconsciente, l’objectivité de l’interprétation des faits ?

 

Vaste sujet….

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