Chroniq’hebdo | De Camille Claudel, du racisme et autres maux, du souvenir et de la BD pour dire la mémoire

Pierre Kobel

Retour dans un Paris du mois d’août. Malgré la canicule, plaisir de marcher dans les rues de la capitale, à l’affût d’une photo à faire, d’une plaque qui évoque un personnage, un lieu, un événement… Et puis Paris en août, c’est Paris sans le stress de Parisiens. Avec JDS, nous sommes partis sur les traces de Camille Claudel, du boulevard Blanqui où elle abrita ses amours avec Rodin dans la Folie Neubourg au quai de Bourbon sur l’île Saint-Louis où elle fut embarquée manu militari pour trente ans de nuit emmurée dans les abysses de la démence qu’on lui prêtait.

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On voudrait croire que de tels rejets n’existent plus. Par esprit d’escalier, cela me fait penser à ce qui vient d’advenir à une collègue de JDS qui lui raconte ses vacances. Voyage au Monténégro avec son mari, leurs enfants respectifs et des amis de ceux-ci. Sept adolescents, dont une jeune fille de famille africaine. À l’aéroport, à l’arrivée, ils butent sur une caricature de douanier qui prétexte des papiers soi-disant pas en règle pour vouloir faire reconduire cette dernière à l’avion. Pourparlers difficiles, discours obtus du pandore qui abuse de son pouvoir et qui n’hésite pas à préciser que ce n’est pas qu’une affaire de papiers. Lorsque les choses s’arrangent après un aller-retour en Serbie voisine, il faut réaliser que tout tient à un racisme endémique dans ce petit pays qu’est le Monténégro. Il suffit d’aller voir la page que lui consacre le site d’Amnesty pour apprendre combien on pratique là communément l’exclusion, la non-assistance aux réfugiés et les injures racistes. Au retour, dans l’avion, cette même jeune fille africaine se trouvera confrontée à une femme qui lui demande de bien vouloir écarter son bras de l’accoudoir pour que leurs peaux ne se touchent pas… Cela donne à réfléchir sur le chemin à parcourir pour faire de l’Europe un territoire des droits de l’homme, un territoire de paix, d’échange et d’enrichissement réciproque. Je ne verrai jamais cela.

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J’y pense encore en voyant dans un reportage télé, les larmes de jeunes femmes afghanes qui tentent désespérément de poursuivre leurs études malgré la férule omniprésente des taliban. Elles résistent par leur présence, leur courage. Colère toujours à me sentir impuissant face à ces barbares stupides qui se servent de leur religion pour déshumaniser une part de la société !

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Durant la semaine j’ai vécu le 33^e anniversaire de la mort de mon père. J’y pense plus que jamais alors que mon été fut traversé par des pépins de santé, sans gravité certes, mais qui m’ont laissé affaibli, incertain, poussé vers la maladie et la vieillesse. Lot commun, me dira-t-on, n’en déplaise à la révolte que j’en éprouve.

Cet anniversaire me conduit à réécouter des enregistrements réalisés avec ma mère, avec mon oncle et ma tante, tous disparus aujourd’hui. Émotion d’entendre ces voix venues de l’au-delà du temps, de revenir à des souvenirs peu ou prou oubliés. Il me faut absolument m’atteler aux chantiers de transcription qui permettront de coucher ces propos sur le papier et de les déposer à Ambérieu.

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Semaine de lecture comme toujours. Plus que jamais devrais-je écrire. Je mesure la place que prennent les écrits biographiques et autobiographiques dans l’univers du 9^e art. La bande dessinée publie de plus en plus d’albums consacrés à des vies de personnages publics, mais également à des anonymes, personnages emblématiques d’un temps, d’un métier, d’un événement. Recueil autobiographique également, je pense là au travail de Fabrice Neaud qui décline un journal de grand intérêt. Je viens de lire un récit de vie qui adopte les canons du roman-photo, Pauline à Paris de Benoît Vidal, un album tout à fait original. J’ai lu aussi un album La farde perdue qui est une biographie de l’immense Tomi Ungerer. Illustrations aquarellées pour un récit qui, à partir d’un fil conducteur fictionnel, revisite la vie sans commune mesure de l’artiste à la création protéiforme.

Nous nous tenons le plus souvent à nos écritures classiques quand je comprends avec ces autres écritures l’apport complémentaire qu’elles représentent.

Internet

• Le XIIIe de Camille

• Benzine | Fabrice Neaud | Journal 1&2

• Benzine | Fabrice Neaud | Journal 3

• Pauline à Paris

• La farde perdue