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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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29 août 2022

Chroniq’hebdo | Du Petit Chaperon rouge, de la violence, de Salman Rushdie et autres divagations

Pierre Kobel

Parmi mes chantiers d’écriture, j’ai depuis longtemps celui de textes autour du thème du Petit Chaperon Rouge. J’ai beaucoup pratiqué ce conte lorsque j’étais enseignant avec mes jeunes élèves et je m’étonne toujours du nombre de variations, interprétations et autres détournements qui ont été faits à ce propos. En quatrième de couverture de la lecture qu’en fait Anne-Marie Garat dans Une faim de loup, on peut lire : « […] cette histoire reste saignante dans notre mémoire et d’une actualité tragique. Ce texte érotique et barbare relate le ravisement et l’effroi sans pareil de l’enfant dans sa rencontre avec le Mal et, par sa magistrale brièveté, sa pureté de langue nous enseigne la suprématie de l’art dans toute transmission. »

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*

Violence de l’imaginaire. Celui des contes, celui du cinéma lorsque je vais voir l’excellent film de Rodrigo Sorogoyen, As bestas qui montre à quoi peut conduire l’ostracisme, le rejet et l’intolérance. Ce qui m’amène aux violences dans le réel. Le 12 août dernier, Salman Rushdie a été victime d’une tentative d’assassinat aux États-Unis alors qu’il donnait une conférence. Poignardé plusieurs fois par un fanatique islamiste, il a survécu et se remet de ses blessures. Si l’écrivain était menacé de mort depuis la promulgation de la fatwa que Khomeyni avait lancée contre lui en 1989 lors de la publication des Versets sataniques, après dix ans de vie sous protection, il avait retrouvé une existence plus normale. Mais l’agression du 12 août vient rappeler qu’en matière de fanatisme, rien n’est jamais oublié.

L’homme qui s’en est pris à Rushdie n’était même pas né en 1989. L’obscurantisme s’incruste dans les esprits par-delà les générations comme un mal indélébile de l’esprit. On sait ce que la religion a d’oppressif, l’histoire passée et contemporaine nous dit le danger des religieux au pouvoir. Être croyant n’a de sens que pour celle ou celui qui trouve là un réconfort au fond de lui-même. Dès qu’il y a prosélytisme, c’est l’enfer.

*

Frémissements de rentrée politique. Les uns et les autres avancent leurs pions sans qu’on sache bien à quoi s’en tenir. Je lisais ces jours-ci une BD récente, Un général, des généraux de Joncker et Boucq, qui relate les événements et surtout l’atmosphère de déliquescence politique qui ont conduit de Gaulle à revenir au pouvoir en 1958. On n’en est pas là, mais il y a du parlementarisme dans l’air et beaucoup du brouillard, du brouillon, du brouillage qui va avec.

À écouter les uns et les autres, je me dis qu’il y a trop de postures, de coups de menton quand il faudrait du dialogue, du consensus et une vraie projection vers l’avenir. Mais il suffit que s’accumulent et s’amplifient les difficultés économiques provoquées par la guerre en Ukraine et la montée en puissance du changement climatique pour que les politiques, les gouvernants comme leurs oppositions, se retrouvent pris dans la nasse d’une réalité qu’ils ne maîtrisent plus vraiment. C’est vrai chez nous comme ailleurs.

C’est par cela que notre société est conduite aussi à une autre violence, celle des esprits qui refusent la complexité et prônent des solutions toutes faites, des réponses immédiates.

*

Je me rassérène dans les livres, la lecture quotidienne des poètes. Une amie m’envoie son dernier recueil. J’y découvre des accents spirituels et mystiques qui ne sont pas les miens, mais ses mots me touchent cependant.

Dana Shishmanian

Mon esprit où t’ai-je perdu t’ai-je jamais eu
perçu entrevu – étais-tu dans mon doute de moi de toi
étais-tu dans mon désarroi
t’ai-je oublié derrière les portes que j’ai traversées
ouvertes refermées
sans faire attention sans m’arrêter pour te chercher
j’ai cru te toucher dans mon extase te respire
telle une manne – mais tout s’est dissipé
je me retrouve étrangère – mon bon esprit, aie pitié
de moi et que ta volonté soit faite

In Le sens magnétique, © L’Harmattan, 2022

*

Paris le matin.

Rues paisibles.

Le bistrot où j’ai mes habitudes avant le cinéma a changé. Murs repeints de clair. Fleurs artificielles partout. Dehors et dedans.

Je regarde les visages. Les corps. J’écoute les conversations. Vagabondages de l’esprit.

Mots de ce billet, promenade de l’écriture. Mots qui disent et qui nous redressent.

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