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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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14 janvier 2024

Journée de réunion– Épisode 1

Anne-Claire Lomellini-Dereclenne

20240114gds-vie_aclomellini_dereclenne_journee_de_reunion1_gare      L’autre jour, il y avait cette réunion du côté de Montparnasse. Avenue du Maine, plus précisément, sur l’ancien site de l’ENGREF.

J’y étais déjà venue il y a quelque vingt années lorsque je faisais mes études, dans le cadre d’un stage, et puis, plus ponctuellement, de temps à autre, au cours de ma carrière puisque c’est l’un des sites qui appartient au ministère de l’Agriculture.

Je m’étais garé sur le parking-deux roues situé juste avant la gare, rue de l’arrivée, ou rue du départ, je ne sais plus. Moi j’arrivais de toute façon. Et le soir, je repartirais, donc elle pouvait bien s’appeler départ le matin et arrivée le soir, cette rue, que ça ne changeait finalement pas grand-chose…. Entre cette rue dont le nom m’échappe et l’avenue du Maine, je n’avais que quelques pas à franchir pour me rendre sur les lieux en traversant le parvis de la gare, au pied de la tour Montparnasse.

Il faisait froid, mais moins que la veille, à moins que ce ne soit mon corps qui se fut habitué aux températures hivernales ? J’avais les joues rouges et le bout des doigts qui faisait mal. Sur le parvis de la gare, il y avait du sable pour empêcher que des plaques de verglas ne se forment, et le ciel hésitait entre gris laiteux et bleu pâle. Un ciel bien parisien, un ciel d’hiver non abouti qui pourrait laisser croire que les aiguilles de la grande horloge s’étaient bloquées sur l’horaire de lever du soleil et qu’elles ne bougeraient plus de là, avant que la situation céleste ne se soit débloquée. Comme si tout se figeait dans le froid, y compris le temps, comme dans les films.

Ambiance bleue, une nouvelle fois sur Paris, donc.

Mais ça ne me gênait pas, j’aime le bleu, c’est même ma couleur préférée. Et les aiguilles pouvaient bien s’arrêter de tourner si tel était leur destin.

J’ai jeté un œil à cette gare de construction moderne, dont les gens sortaient l’air affairé et pressé. J’ai même pris une photo. Rien de bien original dans cette photo. Rien de bien original dans cette gare, c’est un véritable courant d’air comme toutes les gares. Un grand hall, des gens qui vont et viennent. Aucune envie d’y rentrer, même pas pour prendre une photo.

Quand bien même j’étais en avance sur mon timing.

J’ai longtemps cru que j’aimais les gares, symbole de vacances, de soleil et de repos, mais je me rends compte que finalement je ne les aime pas. Je ne m’y sens pas bien. Contrairement aux aéroports, qui finiront sans doute un jour par fermer.

J’aimais bien les aéroports. Je serais restée toute ma vie dans un aéroport, je crois, même sans bouger. Juste à regarder les allées et venues des gens et observer les avions s’envoler vers des destinations inconnues. J’aurais dit au revoir à tous ces gens, mentalement comme je le fais à chaque fois que je passe près d’une piste d’aéroport et qu’un avion s’envole. « Au revoir les gens, bon voyage ». J’aimais tellement les aéroports que je crois que j’aurais bien aimé y travailler, rien que pour me dire, de temps à autre, que le prochain vol serait le mien. Je mettrais les voiles et ciao, plus d’Anne-Claire.

Mais je les ai déjà hissées les voiles.

De nombreuses fois.

Plus rien de ne me retenait et d’ailleurs personne ne m’a retenu.

Et personne ne s’est vraiment soucié de moi une fois partie. J’étais partie, il fallait assumer.

Mais je chasse ces pensées sinistres, rampantes et latentes. Il faut sourire à la vie, sourire aux gens, avoir en tête le mot bienveillance à chaque fois qu’on les regarde.

20240114gds-vie_aclomellini_dereclenne_journee_de_reunion1_tour      Alors je traverse la place en levant la tête pour échapper à tout ça.

Elle est haute cette tour Montparnasse quand on la regarde d’en bas.

210 mètres seulement, me dit Wikipédia. Rien à voir avec l’Empire State Building, 381 mètres. 310 mètres pour la tour Eiffel. Mais bon, mon fils m’expliquait l’autre jour que Paris est protégée contre les constructions en hauteur. Tant mieux. Je les aime à New-York, moins à Paris.

À Dubaï, la plus grande tour du monde mesure plus de 800 mètres et une autre d’un kilomètre serait en construction.

Bravo.

Cela me laisse sans voix.

À l’heure où la maison brûle, on joue encore à celui qui aura la plus grande tour (la plus grosse voiture, la plus grande maison…).

L’homme est resté un petit garçon oublié dans la cour d’école maternelle.

Je photographie Montparnasse, ridicule petite tour, donc, et file à ma réunion.

Espérons que le reste de la journée retrouve un peu de gaieté, je me sens bien aigrie d’un coup, ce n’est pas bon, pas bon du tout.

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