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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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15 janvier 2024

Chroniq’hebdo | De l’actu, de la critique, de la poésie et du Louvre

Pierre Kobel

logo_chroniqhebdo      Macron change de Premier ministre. Élisabeth Borne part après 22 mois seulement à Matignon. Cela changera-t-il grand-chose à l’impopularité du président ? Certainement non et je ne sais quel coup d’éclat politique pourrait redonner de l’éclat à la gouvernance du pays et éloigner le spectre des extrêmes ? Gabriel Attal succède à Borne. Est-il plus qu’un jeune homme ambitieux et médiatique ? A-t-il les épaules pour contrer les poussées électorales du RN et déshabiller les promesses dont ils illusionnent leurs partisans quand son propre camp en a tant fait qui n’ont pas été tenues ? Et puis comment ne pas s’interroger quand on observe avec quelle désinvolture les intérêts de l’école ou de la culture sont passés par les pertes et profits des calculs politiciens alors qu’elles demandent une gestion dans le long terme et qui soit menée avec compétence ?

*

Agnès Varda encore. J’ai regardé Viva Varda !, le documentaire qui lui est consacré et je mesure encore plus quelle créatrice elle fut, parfois avec trois francs six sous et des bouts de ficelle. La femme ne devait pas être toujours facile à vivre, mais elle nous aura laissé des œuvres qui, elles, aident à vivre.

20240115gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo114_past_lives      Magnifique film que Past lives – Nos vies d’avant de Celine Song que nous avait recommandé Bernard et que je suis allé voir. Histoire des relations amicales entre un garçon et une fille au fil du temps. Amitié amoureuse, le possible et l’impossible. Des portes entrouvertes qui s’ouvrent et se ferment.

J’écris en écoutant Le masque et la plume. L’émission a changé d’animateur. Jérôme Garcin a quitté cette fonction qu’il occupait depuis 1989 pour laisser la place à Rébecca Manzoni. Critiques littéraires aujourd’hui. Aucun livre ne fait l’unanimité et c’est sans doute un bien, si dérangeant que ce soit.

Cela me ramène à une autre émission de France-Inter, On aura tout vu qui posait hier la question de savoir si le cinéma a besoin de savoir si le cinéma a besoin de la critique. Pour ma part, je vais beaucoup au ciné en fonction de mes coups de cœur. Je suis les parutions sur Allociné et Télérama. Je lis les critiques du magazine, celles du Monde. Je sais ce qu’il y a de particulier dans les choix des uns et des autres, dans les raisons de leurs louanges et de leurs descentes en flamme. Au vu du nombre de films qui sortent chaque semaine, il n’est pas possible de tout voir. Ce sont mes goûts, mon humeur qui me conduisent à voir tel ou tel opus plutôt qu’un autre. J’aime lire ces critiques et je regrette que les réseaux sociaux prennent parfois leur place. La critique est un métier. Elle a ses travers, sa subjectivité aussi inévitable qu’indispensable, mais elle a aussi son professionnalisme là où les influenceurs et influenceuses du web courent plus après ce que rapporte une projection privée et le buffet qui va avec que par véritable intérêt culturel pour un film.

Si un critique émet des arguments solides, ils me parlent, qu’ils m’agréent ou non et des avis opposés à un film peuvent me donner envie d’aller le voir, s’ils sont de bonne foi.

*

Je lis beaucoup de poésie, je travaille au projet de la revue Libres mots. Des textes nous sont parvenus, je commence à construire le premier numéro. Je sais que la poésie, d’une façon ou d’une autre, est toujours présente à chaque instant dans mon existence. Dans un entretien accordé par Cathy Jurado à Terre à ciel, je me reconnais dans ses propos.

« Ce que je crois viscéralement c’est que la poésie possède un pouvoir sur le réel, qu’elle peut contribuer à démolir des murs, à défaire des barbelés, à faire entendre l’inaudible et à créer de nouveaux imaginaires qui projettent le monde vers d’autres possibles. Pas en assénant des savoirs fermés, mais en ouvrant des expérimentations. Au commencement, je pense que l’acte d’écrire est une forme d’autodéfense (contre la douleur, la solitude, l’oppression, la dimension tragique et violente de notre condition) : un texte est une grenade de désencerclement d’abord pour soi, et donc pour le monde ensuite, par effet de rebond. La poésie, plus particulièrement, est forcément politique, elle qui dégage un espace de langue libre et clandestin dans le langage (si malmené par les contemporains à la langue de bois commerciale et managériale) : elle porte l’étendard d’un écart vis-à-vis des formes normatives, des langues creuses aliénantes. Elle redonne vie à l’insurrection.

Personnellement, je vois dans l’écriture une arme puissante pour donner à entendre une autre forme de vérité, de rapport au réel. »

Ailleurs ce sont les mots de mon ami Patrice Cazelles qui m’interpellent tant ils résonnent avec ce que je pense.

« Je ne pense pas que la poésie, qui regarde l’usage de la langue, puisse agir contre la barbarie, mais je pense qu’elle peut agir de biais, indirectement, latéralement, je m’explique…

La poésie ne peut agir de front contre la violence, la poésie n’est jamais contre, elle ne véhicule pas de message (c’est affaire de publicité ou de propagande). Mais la poésie, le poème, de par son existence même, est une menace tangible pour le barbare. La poésie offre à toutes et tous la possibilité de s’exprimer (d’exprimer son soi, son ressenti du monde) dans une langue libre, maternelle et étrangère à la fois, une langue sans fin, mais pas sans finalité… elle nous permet de considérer toute réalité comme mouvante, imparfaite, indéfinie et cette qualité, ce statut de la poésie, est un camouflet, une menace sourde et tenace dans le corps de ceux qui veulent soumettre le monde à une lecture prosaïque et pathologique du réel…

La poésie nous garantit cette liberté de n’être sûr de rien. Cette incertitude est insupportable à celui qui croit être dans LA vérité. Le barbare ne doute de rien, c’est sa véritable faiblesse.

[…] La présence du poète est insupportable au barbare comme la liberté est insupportable à l’oppresseur… c’est par là que le poète agit, actionne sa kalachni-mots, comme un veilleur insomniaque, il traque les mots, réactualise constamment la réalité par son travail sur les images et les sons, il use des rythmes originels, sauvages (le sauvage n’est pas un barbare !) de la langue, et c’est par cette action de corrompre, d’altérer, de déplacer, faire mordre la poussière à la langue pauvre du barbare que le poète agit… voilà ce que peut la poésie ! »

Autant de prises de position qui ne peuvent que me donner de l’allant pour la suite. Ils me redisent aussi ce que j’ai déjà écrit ici et ailleurs : la poésie exprime ce que je ne peux dire autrement. Sous l’apparence de détours, elle dit plus qu’une narration factuelle, elle libère et plonge loin en nous.

Avec Libres mots, j’espère que nous saurons mettre cela en avant, que cette revue participera de cette libération de nos esprits par la libération de la langue.

*

20240115gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo114_louvre-2       Je suis allé de nouveau au Louvre. Je me suis longuement promené dans l’aile Denon, j’ai beaucoup photographié des statues et quelques tableaux. J’aime faire des collectes thématiques : détails du corps, images de la violence, de la sensualité. Au milieu de la foule des touristes, je sais où je vais, je vais d’un pas déterminé de salle en salle, je reconnais les lieux et les œuvres sans pour autant cesser de me laisser surprendre. Sur Museum TV je regarde le documentaire, Le Louvre de l’intérieur qui m’en dit encore plus. Je ne sais de ce musée ou de moi, lequel appartient à l’autre.

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A
Quel beau et puissant texte que tu nous livres, cher Pierre, aujourd’hui dans la troisième partie de ton hebdo !<br /> <br /> J’étais en effet captivé par la puissance de tes mots concernant l’écriture et par ta profonde conviction de l’utilité de la poésie. Je me contente de relever ces deux phrases qui disent beaucoup sur ma réception de ton message : <br /> <br /> - « l’écriture est une forme d’autodéfense » contre plusieurs facteurs négatifs de la vie courante.<br /> <br /> - « la poésie est politique…une menace tangible pour le barbare »
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