Vieux et fatigué…
Bernard M.
Pas très alléchant ce titre…
Et pourtant c’est une réalité qu’il ne convient pas de cacher en se contentant de la répéter dans son for intérieur ou de l’évoquer seulement dans les profondeurs des pages hors-ligne de mon journal.
Je me souviens d’Histoire d’un corps de Daniel Pennac, un bouquin qui m’avait impressionné et que j’avais chroniqué en son temps.
Sans que rien n’aille vraiment mal, j’ai pourtant l’impression que je me détraque un peu de partout, ce qui laisse augurer sans doute diverses interventions dans le futur. Mes apnées du sommeil font que je dors désormais avec un masque sur le nez, j’ai un souci urinaire qui me réveille deux/trois fois par nuit, une hernie hiatale qui ne me gêne pas vraiment pour l’instant, mais le médecin m’a dit qu’il faudrait opérer dès que ça me ferait mal… Et il y a cette gêne à l’épaule droite, à la suite d’une chute, il y a maintenant plusieurs mois, qui réduit la mobilité de mon bras, je pensais que cela se remettrait tout seul, mais ce n’est pas le cas et ce malgré de nombreuses séances de kiné…
Bref c’est la vieillerie et il faut faire avec…
J’imagine aussi que les suites postopératoires de l’opération qui m’a remis le pied d’aplomb en éliminant mon hallus valgus y sont pour quelque chose, en tout cas psychologiquement. J’ai effectué la visite de contrôle des trois semaines, tout va bien, cela cicatrise normalement, mais alors que je m’attendais à pouvoir retrouver une marche normale, ce n’est pas encore le cas. Certes je n’ai plus l’énorme pansement qui entourait mon pied, mais je dois continuer à porter cette espèce de chausse bizarre, dite Barouk, qui fait que l’avant de mon pied ne touche pas le sol. Je continue donc à claudiquer. Ça ne m’empêche pas de trotter sans difficulté d’un bout à l’autre de la maison ni même de faire quelques balades, mais elles sont plutôt courtes et sur des terrains égaux, impossible de reprendre pour l’instant de véritables marches. Cela me manque. Je pense que cette absence de pratique physique pèse aussi sur mon souffle, car si je grimpe deux/trois étages un peu vite je m’essouffle rapidement. Et tout cela en tout cas pèse sur mon moral et me renvoie une image de vieux papi…
Je me sens souvent fatigué. Par moments j’ai des crises de bâillements à m’en décrocher la mâchoire. Après le déjeuner j’éprouve un intense besoin de faire une sieste. Je m’allonge après le café, je prends un bouquin, je lis un quart d’heure puis je ferme les yeux, je somnole une vingtaine de minutes voire parfois m’endors carrément. Je n’ai rien contre la sieste, il m’arrivait de la pratiquer depuis fort longtemps. Ce qui m’agace c’est que désormais elle me semble être devenue un impératif, lorsqu’il m’arrive de la sauter, par exemple si je suis engagé dans une activité extérieure toute la journée, j’en ressens le manque.
Je pense aussi que le récent décès de mon père pèse sur moi. Mais oui, nous ne sommes pas éternels, même lui qui semblait la solidité même jusque vers ses 95/96 ans s’est mis à décliner fortement physiquement comme intellectuellement, avant de décéder en cette fin d’automne. Quelque affaibli qu’il ait été, c’est autre chose, c’est le départ irrémédiable, complet, absolu. Et donc me voici l’ainé de tous mes proches. Me voici l’ancien, celui qui est au premier rang pour prendre les vagues inévitables des dégradations à venir…
Allez, malgré tout, le printemps approche. D’ici deux trois mois j’espère que j’aurai retrouvé l’intégralité de mes capacités de marche et que je serai en mesure de reprendre de beaux voyages, randonnées, tels que nous les aimons. Ça ne supprimera pas les atteintes de la vieillesse, mais du moins cela permettra de la vivre bien aussi longtemps que possible. Allez, on va vite se pencher sur nos catalogues Terre d’Aventure, rien que de rêver sur quelques belles destinations, cela va me booster, histoire que je puisse écrire « vieux et plein d’énergie et de projets » plutôt que ce méchant « vieux et fatigué ».