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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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8 avril 2024

Chroniq’hebdo | Du journal personnel, du Rwanda et de Anne Barbusse

Pierre Kobel

 

En pensant aux journées de l’APA qui auront lieu au début de l’été à Ambérieu, je relis des morceaux de mon journal et je tombe sur cette petite compilation rédigée à l’entrée « Journal personnel » pour l’autodictionnaire que je réalise en accompagnement du journal lui-même.

Journal personnel

Ce journal deviendra toute ma pensée, le reflet de ses changements continuels. Quand donc mon esprit obscur atteindra-t-il la stabilité ? Une chose qui lui reste toujours c'est l'Espoir et il me quitte rarement, fidèle compagnon de mes bonheurs et de mes infortunes.

Ce soir j'ai eu une joie, c'est que je parviens à fixer sur le papier les réflexions rapides qui passent dans ma tête et dont la vitesse est souvent telle que je n'ai plus le temps d'en laisser qu'une phrase frileuse et pleine de vagues généralités.

(Journal – 10/02/1970)

Je ne sais pas si mon journal m’est encore de quelque utilité.

NOTE : Drôle de question si je la repose vingt cinq ans et quelques centaines de pages après ! Mais je me la suis posé souvent ensuite et je me la pose encore. En transcrivant ce que j’écrivais en 1970, je mesure quel adolescent typique et tourmenté j’étais. Ai-je beaucoup changé ? Je préfère ne pas chercher à répondre.

Fallait-il vraiment en passer par là ? J’étais trop sage. (19 février 1995)

(Journal – 25/03/1970)

Refuge, exutoire, carnet comptable, mémoire, c’est tout cela et plus encore. Je sais que je ne suis pas le seul à tenir un journal et pourtant je ne connais personne dans mon entourage qui en fasse autant. Heureusement que ce journal existe. C’est le lieu, lorsque plus rien d’autre ne va, où je trouve encore un peu le sentiment d’exister.

(Journal – 1/06/1996)

Ce doit être un instrument de réflexion, de distance par rapport à soi qui permet non seulement de mieux se comprendre mais aussi de mieux comprendre autrui et le monde extérieur.

(Journal – 22/01/2001)

Je m’insurge toujours contre ceux qui voient dans la tenue d’un journal un exercice de narcissisme. Non, c’est juste une mise à distance de sa propre existence. La nécessité d’un regard pour comprendre, pour supporter, pour avancer.

(Journal – 11/07/2016)

[…] je me suis demandé quel intérêt a ce journal, autre que de rappeler des faits, de les situer dans le temps, de montrer leur implication sur nos existences. Le point de vue que j’exprime sur moi est aussi incomplet et subjectif que celui qu’autrui a de moi. Il n’est pas plus vrai. J’espère seulement qu’il est honnête.

(Journal – 25/04/2023)

Là où le journal bute sur les mots, peut-être le poème permet-il d’aller à l’impossible, de permettre le véritable passage à travers le miroir de soi quand le journal s’arrête au mur du silence et de l’oubli.

(Faute à Rousseau | Poésie et intime– 04/2023)

J’ai toujours soutenu, et je le crois encore, que le journal permet de se tenir à distance de soi, de faire le point. Mais il y a des jours où je ne crois plus à rien. Et puis là où je devrais me sentir libre de tout écrire, je me retrouve bridé par moi-même. Pas vraiment de l’autocensure dans le sens où je me moque de ce que penseront les autres. Je n’ai jamais eu vocation à être statufier. Plutôt l’impossibilité de trouver les bons mots pour écrire.

(Journal – 4/10/2023)

*

La Grande librairie rend hommage à Maryse Condé qui est morte la veille. Le nom ne m’est pas inconnu, mais il faut qu’elle meure pour que je mesure l’importance de cette femme et de son œuvre.

Le plateau de l’émission rassemble des auteurs autour de l’histoire du Rwanda et de la mémoire du génocide de 1994 qui me laisse encore un goût amer. La France, son gouvernement et François Mitterrand en premier n’ont pas été à la hauteur de ce qui se passait durant ces 100 jours de massacre.

Je me souviens de la lecture des livres de Jean Hatzfeld, Dans le nu de la vie, Une saison de machettes, La stratégie des antilopes et quelques autres. Ce qui s’est passé au Rwanda explique bien comment se construit la haine, comment elle est instillée progressivement jusqu’à ce qu’il ne reste qu’à provoquer son explosion. Je ne peux que faire un parallèle avec ce qui est mis en avant dans les réseaux sociaux et dans certains médias qui conduit au communautarisme et au repli sur soi, à la crainte de l’autre. Mais à quoi bon ? Je me répète...

*

Retour à la poésie. Je lis le dernier recueil de mon amie Anne Barbusse, Recluse. Elle y évoque l’Ardèche où elle s’isole parfois dans une ancienne bergerie de montagne. Une écriture qui m’attrape, que je ressens au moins autant que je la comprends. Cette femme est tellement traversée de blessures intérieures que je ne peux que lui souhaiter de trouver toujours la force de vivre par l’écriture.

 

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