De l’espoir s’il n’est pas fallacieux
Pierre Kobel
À considérer la situation et nonobstant les sempiternels pessimistes, râleurs perpétuels, Cassandre à tout va et autres aboyeurs de réseaux sociaux, on veut bien croire qu’elle s’éclaircit même si le soleil se fait aussi grincheux que ces parts de l’humanité.
J’entendais ce matin le sociologue Jean Viard nous expliquer que la crise sanitaire a infléchi le mode de vie d’un grand nombre de gens, qu’elle a modifié les modes de production, qu’elle a amené de la solidarité et que c’est, d’une certaine façon une révolution, bénéfique. Au risque que cela conduise si nous n’en prenons pas la mesure entière à d’autres conséquences : repli sur soi, développement de la pensée unique, accession de l’extrême droite au pouvoir.
Je voudrais être optimiste et ne pas m’en tenir aux réflexes communs de mon âge qui, selon l’humeur du moment, me ramène à un désabusement de vieux con ou me pousse à réagir avec l’énergie que me laissent mes artères.
Alors donc, espoir ! Espoir d’une société renouvelée, confiante en l’avenir, débarrassée des pollutions de l’information, des craintes diffuses et entretenues autant que les distractions. Et pour nous qui nous inscrivons dans le temps long de la mémoire, éloigné autant que possible de ces leurres, porter cette parole constructive d’un monde meilleur entre intelligence et bienveillance.
Et c’est là que je pense à ce poème de Bernard Mazo qui porta si longtemps la parole poétique dans le sens de sa vocation humaniste.
L’Espoir est une veilleuse fragile
Sur cette terre vouée au désastre
Nous tenons nous résistons
Nous nous arc-boutons
Contre vents et marées
Défiant le soleil des armes
Son éclat meurtrier
Car il faut persister persister sans fin
Dans l’âpreté des jours
Comme si l’on ne devait jamais mourir…
Dans ce poème ce n’est pas moi qui vous parle
Dans ce poème ce n’est pas ma voix que vous entendez
Mais ce qui me traverse et me maintient :
L’ombre désespérée de la beauté
Cet espoir infini au cœur des hommes
Car dans nos mains qui tremblent
Cette petite lueur de l’espoir
Est une veilleuse fragile
Au cœur de la nuit carnassière
In Les plus beaux poèmes pour la paix, © Le Cherche Midi, 2005
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