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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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7 février 2022

Chroniq’hebdo | De Giono, de l’écriture, de la vieillesse et d’un film

Pierre Kobel

Il y a des semaines comme ça. Au lieu d’écrire chaque journée, je me retrouve en jachère. Ça ne dure jamais trop longtemps, mais cela arrive parfois. Besoin de me reposer des mots, d’éviter l’indigestion. Et en même temps, ils ne sont jamais loin, il y a les livres au quotidien, la correspondance, le poème à mettre en ligne chaque jour.

*

bib-dictionnaire_gionoDepuis longtemps, j’attendais l’occasion, de me procurer le Dictionnaire Giono publié chez Garnier en 2016. C’est une nouvelle plongée, et pas la dernière, dans l’univers multiple d’un écrivain pour moi incontournable. Plongée à la fois dans son univers biographique et dans le monde foisonnant de son œuvre. Giono est un homme de passions sous les dehors paisibles qu’il présentait. Sa femme Élise parlait du mystère qui l’habitait et de son regret de ne jamais avoir su le percer. Mais ce mystère participe de ce que l’écrivain a d’exceptionnel. Je ne sais plus qui a dit que des artistes de ce calibre sont des gens qui « voient au-delà ». Au-delà de quoi sinon d’une réalité qu’ils transcendent, qu’ils projettent dans un imaginaire inventif, novateur. Et ce que j’aime chez Giono, c’est qu’il n’a pas seulement créé de pures fictions, mais qu’il n’a cessé d’y instiller des parts de son histoire personnelle et familiale. Histoire que, par ailleurs, il n’a jamais hésité à déformer, à extrapoler.

Et cela me fait m’interroger sur nos propres écrits. Non pas que je doute de leur honnêteté, de leur authenticité. Mais quel écart y a-t-il entre ce que nous livrons et la réalité ? À partir du simple choix des mots, du choix des sujets, du focus et de l’éclairage que nous adoptons, quelles parts masquons-nous, cachons-nous, oublions-nous de ce que nous évoquons dans nos billets ? Et de même lorsque j’écris dans l’apparent secret de mes carnets journal. Aucune prétention à l’exhaustif que je peux affirmer n’empêchera ma relation des faits de mon existence d’être empreinte de variations et d’écarts significatifs. Que ce soit explicite ou à mon insu. Il suffit que je me relise pour le percevoir.

*

Parfois je me sens plus moi-même par le biais de l’écriture poétique que par celle du journal personnel. Là où je m’exprime de façon posée et retenue dans ce dernier, la première me donne la possibilité d’aller plus avant en moi, de creuser, de fouiller dans les recoins de mon esprit, de mes désirs, de mes fantasmes et de mes utopies.

*

20220207gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo13_penelopeAu début de la semaine, Pénélope, la chatte de maman qui a accompagné son quotidien jusqu’à son départ en EHPAD et qui revenait nous voir à chaque séjour dans la maison familiale, s’est éteinte et a rejoint le paradis des chats à l’âge de 18 ans. Cela me ramène à ma mère et au soulagement que j’éprouve de la voir dans un établissement à taille humaine où les résidents sont véritablement protégés. À l’heure où l’actualité dénonce des faits intolérables de maltraitance à l’encontre des personnes âgées, je mesure la chance qu’elle et notre famille avons. Ses 95 ans de ce jour sont fatigués, mais sereins et accompagnés.

*

 

cine-ouistrehamAutre réalité dans le film d’Emmanuel Carrère, Ouistreham, adaptation du livre enquête de Florence Aubenas dans l’univers des personnels de ménage sur les ferries entre la France et l’Angleterre. Le film est porté par Juliette Binoche qui est à l’origine du projet. Les actrices qui l’entourent ne sont pas des professionnelles, mais des femmes qui ont exercé ou exercent encore le métier qu’elles jouent. La force du livre initial et du film que Carrère en a tiré donne la pleine mesure de ce que sont les difficultés et la précarité de cette population qui ne peut espérer beaucoup de l’avenir. La conclusion du film qui tend à affirmer que chacun doit rester à sa place me gêne au-delà de la réalité qu’il traduit. C’est l’énoncé d’un enfermement sociologique que j’ai du mal à accepter. Pour avoir fréquenté des milieux très différents, je sais combien ils sont régis par des codes toujours exclusifs, combien la puissance de l’argent a une part déterminante dans l’appréhension du monde selon qu’on en possède ou pas.

Reste que l’acceptation de la différence, la curiosité, le risque de la remise en cause personnelle sont plus riches d’enseignement que tous les replis sur soi et les colères inutiles.

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