Chroniq’hebdo | De l’espace, de Charlotte Valandrey, de la mort et de Sète
Pierre Kobel
Le télescope James Webb a permis le dévoilement de la première image de l’espace à des lointains jusqu’ici jamais vus et promet une nouvelle ère de découvertes pour l’astronomie. Une aventure humaine et scientifique qui donne d’inédites dimensions à notre connaissance de l’univers. Dans le même temps, elle nous rend plus minuscules que jamais tant notre existence et celle de notre planète sont relativisées en regard de ce que révèle cette exploration toujours plus poussée dans un espace temps difficile à appréhender pour le plus grand nombre d’entre nous.
Quand tes paroles auront cessé, nous resterons silencieux et tranquilles :
Les arbres seuls chuchoteront dans les ténèbres.
La nuit pâlira, le jour naîtra.
Nous nous regarderons tous deux dans les yeux et nous continuerons
nos routes différentes
Rabindranath Tagore, extrait de Nocturne
Dans la nuit imposée
Dans la nuit noire de l’étoile
Les heures inquiètes creusent mon regard
Extrême vibration de mes membres
Loin de la nudité chaude de ton épaule
Je suis un corps sans poids
Je survis dans la dureté des os
Je viens de la source
je vais aux murs
Maître du silence et de l’impossible
j’ai la langue broyée
Silence… Obstinément !
Dans quelle obscurité ?
Sous la nuit salutaire
J’habite un arbre qui se tait pour résister au vent
J’attache mon corps au ciel par les muscles des mots
Et je reviens aux jours courbes et pleins et je serai
le maître du monde — J’ai pour cela un secret
Force de l’aube et de la certitude
*
Mort de l’actrice Charlotte Valandrey à l’âge de 53 ans. Elle a mené une vie de combattante après avoir contracté le Sida à 17 ans alors que sa carrière s’envolait vers le succès. Hypocrisie du monde du cinéma et de la télévision qui ne lui rendent hommage que du bout des lèvres. C’est la télé qui lui avait permis de jouer quand le cinéma l’avait rejeté. Injuste cette attitude alors que cette femme s’est toujours comporté en guerrière faisant face à la maladie avec une volonté farouche. Elle s’étonnait encore, il y a quelque temps, de ne jamais avoir été invitée au Sidaction alors qu’elle luttait depuis longtemps pour éviter à d’autres de se retrouver dans sa situation. Son corps n’aura pas résisté aux atteintes de la maladie, son cœur qui était grand l’a lâché.
La mort, elle est très présente dans le livre de Sally Mann évoqué déjà la semaine dernière. Une mort qui nous est chose commune à tous et inéluctable, mais qui nous laisse cependant désemparé face à cet inconnu.
*
Je termine cette chronique à Sète où le soleil méditerranéen vient se mêler à l’air marin pour nous conduire à des horizons moins lointains que ceux évoqués en ouverture, mais tout aussi nécessaires pour croire à l’existence, lui donner à rêver et à espérer.
Internet
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Wikipédia | Téléscope James Webb
-
Wikipédia | Charlotte Valandrey