Pour que vive le cinéma
Elizabeth L.C.
Une émission de télévision (autant la nommer, c’est Quotidien, sur TMC) m’a fait penser à écrire la note qui suit au sujet de ce qu’il est convenu d’appeler la crise du cinéma. On en connaît les données : baisse de la fréquentation, concurrence des plates-formes de diffusion… (voir par exemple cet article du site Allociné.)
Mes préoccupations rejoignent le cri d’alarme poussé par de nombreux professionnels du secteur. Il me semble dangereux (ceci est un euphémisme) que notre pays renonce à l’« exception culturelle » mise en place sous le ministère de Jack Lang il y a quelque 40 ans. Que deviendra le cinéma français si seuls sont soutenus les films déjà susceptibles de faire de gros chiffres d’entrées ? Encore pire, que se passera-t-il si les producteurs décident que le cinéma, avec diffusion en salles, est un « produit » (je déteste ce mot) dépassé et qu’on n’en fera plus ?
Voir un film en salle est bien autre chose que de le voir sur un écran de télé ou d’ordinateur (ou de tablette, ou de téléphone mobile…) Il y a l’attention et la disponibilité totales que l’on convient d’accorder à ce qu’on voit. Il y a aussi le fait de faire partie d’un regard collectif sur une œuvre. Je suis une grande consommatrice de films et séries à la télé, mais je vais souvent aussi au cinéma en salle. J’ai la chance à Montreuil d’avoir un cinéma, le Méliès, qui réunit des conditions idéales : belle programmation, tarifs plus que modérés, salles confortables. Je ne suis pas prête à perdre tout cela.
Pour conclure avec une touche plus personnelle, il y a sans doute dans mon attachement au cinéma quelque chose de l’enfance. Mon père, instituteur de campagne, avait monté avec quelques collègues un réseau de diffusion de films (je vous parle des années 1950) et chaque semaine il allait au village voisin chercher les bobines pour la prochaine séance. Je l’accompagnais quelquefois.