Chroniq’hebdo | D’un anniversaire, du papier, d’un fait divers et de la vie associative
Pierre Kobel
Semaine d’anniversaire. Qu’est-ce que j’ai fait de toutes ces années ? Quel besoin de faire un bilan ? Je reste avec mes questions, mes incertitudes, mes doutes, mes impuissances et mes frustrations.
Je regarde passer des gens aux cheveux blancs. Parfois j’essaie de me convaincre que je ne parais pas aussi vieux qu’eux, que j’ai encore un avenir long et riche, ce que mes travaux d’écriture me laissent penser. Et quand la réalité me rattrape sous les formes d’une santé déficiente, de fatigues plus répétées, je reviens de nouveau à mes interrogations.
Il faut pour tenir le coup une part d’inconscience ou une confiance absolue en soi. Je n’ai ni l’une ni l’autre pour rester serein. Je traverse cette période de façon très troublée tant par rapport à moi-même qu’au regard du monde si inquiétant. Je ne peux m’en tenir au « après moi le déluge ! », je n’en ai pas le droit et de toute façon j’en suis incapable.
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Quelle que soit mon utilisation de l’informatique, je reviens toujours au papier, aux carnets. J’ai acheté de nouveau un Bullet carnet pour compléter mon arsenal d’écriture. Tentatives récurrentes de m’organiser quand je traverse des moments d’étouffement face aux papiers accumulés, aux débordements de ma table de travail, à l’addition des projets d’écriture.
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À Saint-Jean-de-Luz, dans un lycée privé sans histoires, un élève de 16 ans a tué une professeure cinquantenaire à l’arme blanche. Émotion sur place et au-delà. Les médias se régalent d’en faire des tonnes quand ce n’est qu’un fait divers dramatique. Il semble que le jeune meurtrier est sujet à des troubles psychiques. C’est un événement qui me rappelle les propos d’un proche lorsque sa mère s’inquiète des risques d’agression dans le cadre de son métier d’infirmier psychiatrique. Il lui a répondu que nous risquions plus dans la rue que lui au sein de l’hôpital. Ce meurtre au Pays basque en est la preuve. Reste le traumatisme ressenti par les autres élèves présents, les familles. Leur médiatisation est-elle une aide ?
On est ému d’un tel événement, de sa brutalité, mais on se laisse gangrener l’esprit par la violence quotidienne dans les réseaux sociaux, par la radicalisation des opinions et leur sectarisme. Le vrai danger est là.
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Deux réunions cette semaine. D’abord avec mes amis du CA de la Presqu’île, l’association des amis des éditions Bruno Doucey. Je suis toujours attaché à cette aventure qui reste au cœur de mon existence, qui lui donne un sens au-delà de ma petite personne, qui la projette dans l’avenir. Autre réunion avec des amis de l’APA, tenue comme la précédente en Zoom, à distance. Préparation des échéances à venir, évocation des projets et je comprends que j’ai encore beaucoup à apprendre pour être à la hauteur de ce que j’attends de cette autre aventure.
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La collecte des « souvenirs d’aïeux » se poursuit cahin-caha dans Grains de sel au fil des semaines. Nous décidons de la poursuivre jusqu’à fin mars pour donner à ceux qui le voudraient la possibilité d’y participer. J’essaie au fil des témoignages et des lectures de mesurer ce qui nous sépare du point de vue de la perception du monde avec ces anciens dont le récit des existences me donne toujours beaucoup à penser.
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