Des libellules ou demoiselles
Brigitte Fauquet
Un jour chaud de paresse, sur une rive de la Loire, se frayer un chemin dans ce milieu aquatique – pas de sentier – et mettre les pieds presque dans l’eau, pour observer de plus près ce qui vit là et laisser aller sa curiosité.
Tout au bord, dans le fouillis des roseaux et des herbes folles, là où le courant est moins fort, les libellules survolent les remous du fleuve, les effleurent à peine, papillonnent à raz de l’eau, jouent avec le vent, se pourchassent, font des piqués à une vitesse incroyable, planent, agitent leurs ailes d’un mouvement frénétique, volent sur place. Une vraie prouesse technique. Des libellules ou des demoiselles ? Je ne saurais dire, je ne suis pas entomologiste seulement une observatrice, mais j’aime bien cette appellation de « demoiselle » qui traduit la légèreté de l’insecte volant et sa nouveauté au monde. Puis elles se posent un court instant – de repos ? – sur les tiges mouvantes des roseaux, qu’elles ne font même pas plier – elles n’ont pas de poids – juste pour qu’on ait le temps de distinguer le coloris gris bleuté des ailes délicates qu’un rien viendrait déchirer tant est fragile leur texture. Elles sont équipées d’une double paire d’ailes – est-ce pour pallier à leur vulnérabilité ? – pas de bourdonnement, une vie silencieuse, mais vibrionnante, juste perceptible à un œil aux aguets. Pas de menace à redouter, elles n’ont pas de dard, elles sont inoffensives. Le milieu est vivant, tranquille, précieux. Un air de légèreté et de fraîcheur passe dans la touffeur de l’air. On se sent mieux.
Ce sont là des êtres d’un jour, des êtres éphémères qui vivent le temps d’une saison, des fleurs d’été, des fleurs du fleuve, des fleurs de la Loire.
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