Chroniq’hebdo | De l’antiquité, de Sylvia Plath, des oiseaux et de l’écriture
Pierre Kobel
Je fais ma valise pour quatre jours à la campagne. Quelle place pour les vêtements, la toilette et laquelle pour les livres, les carnets, le matériel de dessin, les découpages ? Illusion de création.
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Je travaille à préparer les deux ateliers dont je serai l’animateur à Lyon. L’un est consacré au temps confiné, l’autre à l’écriture dans un blog. Comment introduire ces thématiques, que seront les échanges ? Je suis incertain, pas sûr de moi. Il me reste encore beaucoup de confiance à acquérir.
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Mon amie Murielle Szac est l’invitée de l’entretien de Sonia Devillers sur France-Inter à l’occasion de la sortie du Feuilleton de Tsippora en librairie dès mercredi prochain. J’ai beaucoup aimé la clarté de son propos et la liberté de son écriture par rapport au sacré intouchable qu’accordent les plus orthodoxes à la lecture de la Bible. Après Artémis, Tsippora. Tsippora c’est Séphora, la femme de Moïse. Les femmes ont pris le pouvoir, retrouvent la place d’importance qui doit être la leur. J’attends de lire ce nouveau feuilleton avec impatience après celui d’Hermès, de Thésée, d’Ulysse et d’Artémis. L’Antiquité de Murielle résonne avec notre contemporanéité, elle renvoie aux textes, aux mythes qui traversent les siècles jusqu’à parler aux plus jeunes, ce que j’ai pu vérifier quand j’en lisais des passages à mes élèves de moyenne section durant les dernières années de mon métier d’enseignant.
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Je termine La femme silencieuse de Janet Malcolm qui pose les problèmes de l’écriture biographique. Que sait-on réellement de Sylvia Plath au fil des livres qui lui ont été consacrées et des polémiques entre les auteurs et les ayants droit de Plath ? Janet Malcolm explore, interroge, propose et met en exergue toute la difficulté à saisir la réalité par rapport à la fiction et le chemin étroit qui les sépare.
Pour ce qui est de Sylvia Plath, j’en sors avec la conviction renforcée qu’elle était sujette à de profonds déséquilibres psychiques qui la rendaient insupportable pour les autres et que la récupération de son destin tragique par des féministes pour accuser toujours plus Ted Hughes de l’avoir conduite au suicide relève de leurs excès.
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Depuis notre arrivée à la campagne, devant chez nous et au cours des promenades, nous entendons beaucoup les oiseaux ce qui me ravit, à l’heure où une étude scientifique d’importance révèle que 25 % d’entre eux ont disparu en 40 ans en Europe. Une calamité qui s’ajoute aux autres comme celle de l’extermination des abeilles et qui, comme elle, tient à l’agriculture intensive qui utilise engrais chimiques et pesticides, détruit les haies. Cela quand le réchauffement climatique et l’urbanisation grandissante ont moins d’impact, sans que pour autant on ne puisse les dédouaner de toute responsabilité !
Les oiseaux, le chant des oiseaux me sont précieux depuis l'enfance. Leur disparition est une atteinte qui me blesse profondément. À la question : « Quel animal voudriez-vous être ? », j’ai toujours répondu : « Un oiseau ! » Hirondelle, chouette hulotte, je ne sais lequel je choisirais, mais j’aspire à leur élévation, à leur liberté.
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80e chroniq’hebdo ! J’ai du mal à réaliser ce que cela représente quant au fond pour un contenu de plus de 300 pages. Je n’ai pas à en tirer gloriole, je sais seulement que c’est le résultat d’un besoin de se confronter à l’écriture qui me tient depuis l’adolescence. Aurai-je mieux vécu grâce à cela ? Je n’en suis pas sûr !
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