Carte postale | Savoie de cet été
Gérard Barbier
Comme chaque été nous avons passé quelques semaines dans la maison de famille en Savoie. Partis un peu plus tôt, donc avant la fin de l’école, mon épouse est repartie chercher la petite fille et lui faire goûter pour la première fois le plaisir d’un voyage en TGV. Le train c’est un peu galère ici, certains partent de Chambéry, d’autres permettent de revenir par Albertville, mais pour cela, faire l’expérience d’un changement et passer par Genève où il faut descendre pour traverser la frontière, donc ne pas oublier une autorisation paternelle !
Ces voyages au pays de la famille sont toujours l’occasion d’envoi de nouvelles à ceux restés parisiens. Et cette année, la petite fille est même « passée à la télé » et c’est par SMS et appels de smartphone qu’elle l’a signalé à ses copines. Car cette année le vrai départ de la 18e étape de 185 km du Tour de France a démarré à la petite gare de Cevins.
La liaison à une seule voie entre Albertville et Moutiers, avec ses passages étroits qui longe l’Isère dans la vallée de la Tarentaise a perdu progressivement son intérêt. Mais de mon enfance je garde le souvenir du trajet Gare de Lyon — Chambéry avec les gros trains à vapeur, puis le goûter dans la micheline rouge et jaune préparé par ma grand-tante qui m’accompagnait avec un magnifique gâteau de riz au chocolat. Enfin l’arrêt et la descente dans la petite gare de Cevins et le ticket conservé.
La vie, même pour un gamin en vacances, n’était pas simple. Les jeux consistaient à nourrir les vaches ou les déplacer de pré en pré, sauter dans les bottes de foin accumulées dans les greniers, courir dans les prés après les hannetons ou les grosses sauterelles vertes. Enfin, écrire la carte postale aux parents.
La voie est toujours utilisée, les trains régionaux ont continué le cabotage avant leur remplacement par les autocars pour le ramassage scolaire. Les jeux Olympiques d’hiver de 1992 furent l’occasion de rénovation des gares de la ligne, mais le passage de la nationale 90 en deux fois 2 voies a aussi facilité la migration au tout automobile et l’abandon de la station.
On voit encore passer les TER tout bleus, et même à vitesse lente l’hiver, les TGV qui amènent les adeptes de la neige à Moutiers ou même jusqu’à Bourg-Saint-Maurice et Val d’Isère. Mais l’arrêt quasi général de l’industrie dans la vallée avec la fermeture des exploitations d’aluminium et de carbure surtout à Notre-Dame de Briançon ne justifie plus les convois de marchandises.
Je suis allé voir ma petite station, pour vous adresser une photo de son état actuel, on n’en fera sûrement pas une carte postale.