Colère numérique
Nadine P.
Je suis restée calme hier et pourtant, 1 h 30 dans un espace SNCF pour tenter de résoudre un problème de billets de train avec cause perdue, j’aurais pu m’énerver.
1 h 30 avec deux employés seulement pour une ribambelle de clients suspendus aux réponses attendues. Une employée charmante qui tente d’empêcher les resquilleurs dans la file de passer avant tout le monde, la même personne nous remerciant, nous autres, d’être de bonne volonté.
Ils ont fermé depuis quelques mois un espace très pratique avec une dizaine de guichets et derrière chacun, des employés patients, il en faut, et des renseignements obtenus que l’on ne peut avoir sur le site SNCF. Car OUI, prendre un billet c’est simple pour une partie de la population seulement d’ailleurs, mais dès qu’il s’agit d’un trajet spécial, d’un ajout, il est impossible de solutionner ça nous-mêmes derrière un ordinateur.
Bon, j’étais calme, pleine d’humour pour que mes compagnes d’attente prennent leur mal en patience. Elles, me donnant des éléments tellement entendus en bibliothèque où nous recevions les personnes perdues, sans Internet à la maison, trop éloignées de l’informatique ou trop âgées pour le faire seules.
J’étais calme même si cette fracture du numérique entre La Poste, La SNCF, les Impôts et autres services importants m’agacent prodigieusement et de plus en plus.
Mais là, quand j’ai ouvert mon courrier, j’ai bondi !
Une lettre de ALIAE, mystère.
Voilà que lors de mon retour de vacances je suis passée par une autoroute à « flux libre ». Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Oui, j’ai bien vu des panneaux en roulant, mais je n’ai pas lu les détails et ne savais pas que ça me concernait.
Colère totale, et pourtant il m’en faut beaucoup. Pour 3 €80, ils postent un courrier.
Mais surtout, ils me connaissent, je suis sur l’autoroute et paf ! Je suis dans leur base de données. Je m’énerve, je sais, je sais.
Ils me contactent, tout est fiché, moi comme les autres, bien sûr je connais hélas le monde dans lequel on nous pousse, mais j’aime avoir le choix, ô comme je n’aime pas ça !
Ils s’en fichent que j’aie ou n’aie pas Internet, pour preuve : sur le courrier, à aucun moment on ne présente cette possibilité.
Ils osent me mettre un lien avec abonnement pour Total-Énergie, là j’enrage.
J’étais calme hier.
Aujourd’hui, je ne vais pas leur laisser le plaisir de me gâcher ma journée et pourtant, si je repense une fois de plus à celles et ceux qui ont, comme les p’tites dames totalement perdues en gare hier, moins d’informations ou moins de recul que moi, mon humeur va virer au rouge.