Chroniq’hebdo | De l’APA, des transports et de l’école

Pierre Kobel 

        Occuper le temps, le prolonger. Il y a contradiction entre ce souci et les nombreuses tâches que j’accomplis. Cette contradiction tient au sentiment d’avoir raté des parts de mon existence et de ne pas être encore aujourd’hui à la hauteur de beaucoup d’entre elles.

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Du côté de l’APA, les affaires reprennent et il y a chaque jour des échanges de messages pour un dossier en cours, un projet à venir. Parmi ceux-là, il y a la prochaine table ronde de mars 2024 dont le sujet est « Écrire la sexualité ». Un sujet sensible, toujours délicat à traiter tant il peut tendre au voyeurisme. Comment les intervenants de cette table ronde en parleront-ils ? Comment écrire la sexualité avec la distance nécessaire sans jamais négliger la sensibilité tout autant nécessaire ? Et sans oublier de veiller à celles et ceux pour qui elle fut et peut être encore sujette de souffrances.

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Dans les transports, à côté de moi, un homme jeune, noir, lit un petit livre écrit en arabe. Livre religieux ? Sourates du Coran ? Je suis pris entre le respect que je veux avoir pour les croyances des autres et mon rejet viscéral de tout prosélytisme ou même de tout affichage de ces croyances. Cela me renvoie à la foi aveugle de certains et à la récupération politique qu’en font d’autres.

Un autre jour alors que je rentre de Paris, un gugusse visiblement dérangé de l’esprit sème l’inquiétude dans le wagon du RER, alternant rires exaltés et coups sur le matériel avec ce qui ressemble à une batte. Jusqu’à ce que le signal d’alarme soit tiré et l’individu débarqué du train plus ou moins manu militari par je ne sais qui. J’assiste à cela d’assez loin et sans me sentir en danger. Cela me fait penser à un ami qui nous dit que nous sommes plus vulnérables dans la rue que lui dans l’hôpital psychiatrique où il travaille. Ma réaction correspond-elle à une capacité de garder mon sang-froid ou à une absence excessive de sensibilité ?

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        Rentrée scolaire. Marronnier annuel de la presse qui nous assène durant des jours ses préparatifs, ses reportages dans le milieu scolaire, des images et des mots d’enfants le jour même. Si cela m’agace beaucoup, je ne peux que penser aux plus jeunes de ma famille.

Cette année j’ai un autre motif d’être attentif à cette rentrée scolaire, c’est le prochain cahier de l’APA consacré à la collecte faite des souvenirs d’école auquel nous travaillons encore alors qu’une souscription est ouverte pour son achat sur le site.

Je m’agace également de l’attitude du monde politique à l’égard de l’école. Dès le mois d’août, chaque ministre de l’Éducation se retrouve sous les feux de l’actualité. Cette année c’est le jeune Gabriel Attal qui a récemment succédé au trop discret Pap Ndiaye qui n’a pas su jouer de la communication que son successeur maîtrise à souhait. Voilà bien le problème. L’Éducation nationale est un enjeu politique à court terme avant d’être un enjeu sociétal. Les ministres et autres politiques ne pensent qu’à inscrire leur nom sur une réforme. Les parents ne pensent qu’à l’avenir de leurs propres enfants, loin de toute préoccupation collective, les enseignants s’arrêtent le plus souvent à leurs conditions d’enseignement et à leurs salaires, se sentent impuissants et désemparés, les élites intellectuelles de l’enseignement supérieur et du monde des lettres restent sur un quant-à-soi condescendant. En arrière-fond le monde économique ne se soucie que de la formation de futurs travailleurs soumis à ses intérêts.

Où est l’avenir ? Triste constat qui ne sera pas partagé par nombre de lecteurs et c’est très bien ainsi.