Carte postale | Des chiens et des humains
Catherine Bierling
Jusqu’à mes derniers cours en février 2020, j’ai toujours eu un contact agréable et chaleureux avec mes étudiant.es. J’aimais écouter leur point de vue sur le monde, leurs doutes ou leurs certitudes et ils avaient toujours une attitude sympathique et bienveillante vis-à-vis de moi. C’est la pandémie qui m’a forcée à arrêter, mais je garde des souvenirs très positifs de ces dernières années d’enseignement, bien que l’écart des âges entre nous se creusait de plus en plus. Je ne me suis jamais senti « mise au rebut. »
J’espère que cette dernière carte postale d’été ne brisera pas trop l’ambiance, mais cet épisode m’est resté sur le cœur…
Dernier jour de vacances. Au bord de la rivière où nous allons régulièrement nous baigner pour échapper à cette chaleur qui nous aura bien accablés cet été.
Un grand chien noir se précipite vers nous en aboyant et en montrant les dents. Je ne vois personne alentour susceptible de rappeler le chien. Je ramasse une pierre et essaie de garder le chien à distance. C’est plus fort que moi, j’ai toujours peur des chiens agressifs.
Au bout de quelque temps, une jeune fille (20 ans ?) s’approche et rappelle tranquillement le chien (allez, reviens, viens ici, arrête…) d’une voix si peu convaincue que le chien continue à courir dans tous les sens sans s’occuper d’elle le moins du monde. Arrive la traditionnelle phrase qui me hérisse à chaque fois que je l’entends : oh n’ayez pas peur, il n’est pas méchant, il veut seulement jouer ! je ne peux m’empêcher de dire à la jeune fille qu’elle semble avoir bien peu d’autorité sur son chien. Cela la met aussitôt en rage. « Que voulez-vous que j’y fasse ? Il vient d’être adopté, il a peur des humains ! » Moi : C’est pas une raison pour me sauter dessus. Elle : si ça ne vous plait pas, vous n’avez qu’à aller ailleurs, j’habite ici, je fais ce que je veux. Moi : moi aussi j’habite ici, mais sur une plage, on fait attention à son chien. Elle (de plus en plus furieuse) : Mais que voulez-vous que je fasse ? Je vais pas le faire piquer ! Vous devriez vous faire piquer, vous, vous êtes vieille ! Mon chien, il a encore toute sa vie devant lui !
Arrivée à ce point, j’abandonne toute idée de discussion, car cet argument me laisse coite.
Allons, c’est une exception, je refuse de croire qu’il existe vraiment une guerre des générations. Mais quand même, c’est violent.
PS qui n’a rien à voir
Chère Nadine, je découvre seulement maintenant votre commentaire à propos de Vieille comme mes robes ! Dans ma retraite estivale, c’est toujours très compliqué d’avoir accès à Internet, mais je tenais à vous répondre. J’espère que cette lecture vous plaira et vous inspirera pour votre atelier d’écriture. Quand j’ai présenté mon livre au Centre Culturel français, nous avions avec la directrice étalé sur une table toute une série de pièces de tissus divers et avions invité les auditeurs à venir les toucher et à en choisir un pour nous dire ce que cela éveillait en eux. La proposition a été acceptée avec enthousiasme et a donné lieu à de beaux échanges à propos des tissus, des robes et des histoires qui s’y rapportent.