Jours d'octobre
Mireille Podchlebnik
Les évènements bousculés de ces derniers temps m’ont laissée sans voix depuis un bon moment déjà, me semble-t-il.
Un voyage à Madrid contrarié par le terrible attentat terroriste survenu en Israël où réside une partie de ma famille, des rencontres personnelles complexes et la survenue d’un sérieux Covid, dont je me remets avec peine, auront ponctué ce mois que l’on peut qualifier à tous points de vue et sans aucune exagération d’octobre noir.
En allant récemment sur le blog, j’ai pris connaissance des dernières écritures, comme je le fais toujours avec grand plaisir. Souvent, elles résonnent avec mes pensées et me donnent ou redonnent l’envie d’écrire. Je ne sais d’ailleurs pas par quel « brouillard informatique » les mails d’alerte qui m’informaient de tout nouvel article ne me parviennent plus…
Avant le départ en Espagne, je suis allée voir Le procès Goldman au sujet duquel Anne-Claire a fait une intéressante chronique. Pour me remettre dans l’ambiance de l’époque j’avais relu les Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France, un livre enfoui depuis presque 40 ans sur une de mes étagères et qui de ce fait n’a pas été si simple à retrouver. Je me suis souvenue que le jour de l’assassinat de Pierre Goldman, j’étais entourée de personnes qui ignoraient jusqu’à son existence et que cela m’avait heurtée. Le film reprend du livre les plaidoiries et éléments du premier procès d’Assises, que P.G relate durant son incarcération, pour les inclure dans le deuxième procès, objet de ce film remarquablement interprété.
Début octobre, le soleil chauffait comme au cœur de l’été et Madrid était envahie d’une foule impressionnante et quelque peu oppressante. Tolède, la ville aux trois cultures, nous a ouvert ses portes et laissés admirer une architecture de toute beauté avec cathédrale, mosquée, synagogues et la maison-musée du Gréco… Mais le jour de cette visite se révélaient au monde les atrocités commises la veille en Israël, 50 ans jour pour jour après la guerre du Kippour.
Je me souviens très bien de cette guerre survenue peu de temps après mon retour d’Israël en 1973. J’avais alors 17 ans et venais de passer 2 mois avec ma cousine à Karmiel en Galilée puis au Kibboutz Maoz Haïm (fondé en 1937 par des immigrants venus de Pologne et d’Allemagne). Nous étions sur le pont aux aurores et le travail physique réalisé dans les champs, aux cuisines ou ailleurs, partagé dans la plus ou moins bonne humeur par des gens venus de tous horizons, avait quelque chose d’exaltant. Nous avions alors l’insouciance et la flamme du jeune âge. Le retour à Paris avait été difficile, mais la survenue de la guerre avait modéré mon désir d’émigrer…
Pour finir sur un autre registre, je remarque avec plaisir que le thème de la sexualité a finalement fait des émules depuis mon modeste article sur la poésie du désir avec lequel je m’étais lancée péniblement sur le sujet…
Un des points si appréciables de ce blog est son ouverture à la parole de l’autre, aux souvenirs de tous âges, aux impressions, aux sentiments, aux sensations multiples et multipliées par les échos qu’il renvoie et j’en remercie les initiateurs.
Internet
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Wikipédia | Guerre du Kippour