Nous avons besoin de la forêt
Elizabeth L.C.
Je m’intéresse depuis fort longtemps à la forêt, aux forêts. Les forêts réelles et les forêts de papier, celles qu’on trouve dans la littérature, ce qui m’a amenée à publier Dans la forêt des livres (Books on demand, 2018) — voir présentation ci-dessous.
Mais aujourd’hui, c’est le devenir de la forêt réelle qui me préoccupe, dans le cadre du réchauffement climatique et de toutes les autres menaces qui pèsent sur elle. Aussi le 31 décembre dernier, j’ai procédé à un acte pour moi essentiel. J’ai acheté des parts de parcelles forestières dans un groupement ayant pour objectif la protection de la forêt, plus précisément le Groupement Forestier pour la Sauvegarde des Feuillus du Morvan (GFSFM), qui détient environ 350 hectares de forêt. Étant originaire de l’Yonne, le fait que ce groupement a focalisé son action sur le Morvan ne m’est pas indifférent.
Or, depuis les années 70, la part des résineux dans cette forêt a beaucoup progressé, dépassant les 50 % en 2003. Ce chiffre résume à lui seul la profonde mutation subie par la forêt morvandelle : enrésinement massif, généralisé et incontrôlé. Grâce à des subventions publiques et à des allègements fiscaux, les plantations de résineux ont pris la place des forêts traditionnelles de feuillus, et aussi dans une moindre part d’anciennes terres agricoles. Si rien ne change, le feuillu du Morvan est bel et bien en voie d’extinction. Actuellement de nombreux peuplements résineux arrivent à maturité. L’association Autun Morvan Écologie (qui est à l’origine du GFSFM) se bat pour leur exploitation selon des pratiques sylvicoles proches de la nature : arbres de tous âges et essences mélangées.
En achetant des parts, les associés contribuent à sauvegarder la forêt feuillue du Morvan. Ils échangent et s’informent sur les décisions de gestion de ces forêts achetées collectivement.
Ma décision de participer à cette grande aventure me donne l’impression de faire enfin quelque chose de concret pour l’avenir de la planète… La forêt a besoin de nous (un peu) alors que c’est surtout nous qui avons besoin d’elle (beaucoup — voir aussi le dossier que lui consacre Télérama dans son dernier numéro de l’année 2023).
Image : Forêt de la Cope, Alligny-en-Morvan, Nièvre (doc. GFSFM)
Dans la forêt des livres, présentation
Ce livre a pour but d’étudier l’évolution de la représentation de la forêt dans la fiction littéraire. Lorsque la forêt est présente dans un livre, il est rare que ce soit comme simple décor ; la plupart du temps, elle joue un rôle décisif, en tant que personnage à part entière ; dans tous les cas, elle porte une forte charge symbolique. Il s’agit d’une figure profondément ambivalente, à la fois positive et négative : un lieu de refuge et de menace, accueillant et agressif, source d’épanouissement ou de régression.
Dans une première partie (brève), le contexte de l’étude est exposé : les rapports entre l’homme et la forêt, à travers les approches historiques, économiques, symboliques (dans les diverses cultures, mythes et religions). Je m’attache ensuite à exposer comment le thème de la forêt est traité dans le domaine littéraire : depuis sa présence dans l’Antiquité, à travers les contes et légendes, les textes du Moyen Âge et jusqu’à l’époque contemporaine.
En conclusion, je propose des hypothèses sur la manière dont l’utilisation de cet élément est appelée à se poursuivre en littérature, en fonction du destin réel de la forêt (processus de déforestation, récupération écologique de la forêt comme patrimoine…) et de l’évolution de sa représentation dans l’imaginaire.
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