Des gens bien comme il faut
Anne-Claire Lomellini-Dereclenne
Ce petit poème est dédié à tous les faux-amis, tous les faux-aimants et les faux-bienveillants.
Se donner bonne conscience, envelopper son âme sans consistance d’un discours de circonstance pour briller auprès de l’assistance n’est qu’hypocrisie quoi qu’on en pense. Notre époque est propice à cette attitude arrogante et prétentieuse, telle que nous la dictent nos plus hauts dirigeants. Mais s’ils en sortent gagnants et que certes, nous ne sommes peut-être, pas bien intéressants, il nous reste notre plume et avec elle j’assume !
Vive la liberté d’expression, n’en déplaise à ces limaçons…
Des gens bien comme il faut
Il était une fois des gens bien comme il faut,
Jamais ils ne jugeaient sur la couleur de peau !
« La chose est trop vulgaire, il faut dire le contraire !
Se montrer vertueux, nous présentera mieux !
Si le discours est bon, on passe pas pour des cons,
Si le refrain sonne bien, on s’ra pas des vauriens »
Mais les beaux discours, ces parements, ces atours,
Ne leurrent pas toujours qui sait déjouer les tours.
La bien-pensance feinte n’est point bienveillance,
Et les paroles en l’air finiront par déplaire,
Car quand l’heure est venue de prouver sa vertu,
C’est au comportement qu’on verra bien qui ment.
Ces gens bien comme il faut, calculeront alors
Quels que fussent leurs discours, si vous valez le coup,
Minorité bizarre, comportement suspect,
Étrangers, sans-papiers, c’est l’heure d’être renié
Les gens bien comme il faut, ne sont pas les plus beaux
Petit est leur esprit qui ne pense que profit,
À ceux-là je préfère, sans fard et sans manière,
l’humble ami qui sourit et point ne me trahit.
Vincenzo Campi (1536-1591) : Allégorie de l’hypocrisie