Escapade avant clôture
Bernard M.
La clôture, bien sûr, on ne la souhaite pas. Les dernières décisions prises semblent l’écarter. Est-ce la crainte de l’inacceptabilité sociale d’un nouveau confinement ? La peur de mouvements de refus éventuellement violents ? Mais rien ne dit que la situation sanitaire ne l’imposera pas dans les prochains jours…
Donc, nous avions la possibilité d’une escapade chez une amie à une centaine de kilomètres d’ici, au bord de l’Aveyron, dans le beau village médiéval de Bruniquel. Nous avons sauté sur l’occasion. Même si ce n’est pas le bout du monde, c’était vraiment changer d’espace, de cadre, d’ambiance. Et puis quel plaisir aussi de retrouver une amie, pas vue depuis quelques années, échanger sur ce que l’on vit et pas seulement sous l’angle du fichu virus, croiser d’autres vies que la nôtre, sortir du cadre restreint de nos relations habituelles, encore réduit par les contraintes liées à la crise sanitaire.
Cette banalité qui est de voyager, de voir des gens différents, d’entretenir et de raviver des relations amicales multiples, est devenu, tant les conditions sont compliquées, tant les contraintes nous enserrent, un événement, une rareté.
Et qui souligne, par contraste, combien cela nous manque !
Au milieu de jours à la météo détestable, la journée du vendredi a été presque plaisante : pas de pluie, un ciel couvert, mais quelques timides éclaircies, suffisamment en tout cas pour que nous nous lancions dans une bonne randonnée. Nous avons fait une boucle d’une dizaine de kilomètres, d’abord en suivant le cours d’un petit ruisseau puis grimpant sur le plateau et longeant la falaise dominant l’Aveyron et Bruniquel. En cette saison hivernale et avec les pluies intenses des derniers jours, le ruisseau était gros, débordant souvent sur le chemin boueux et rendant la progression laborieuse. Les gués n’étaient pas franchissables à pied sec et nous avons dû nous déchausser à plusieurs reprises. Fatigant, mais oh combien régénérant ! Et, au-dessus de nous, une végétation foisonnante de petits chênes, de buis, de mousses et de lichens, donnant à la promenade un aspect exotique faisant se sentir loin, très loin…
Oui, quel plaisir de se sentir loin !
Peut-être (sans doute ?) la boîte se refermera-t-elle dans les jours à venir. En attendant, cette escapade nous a fait un bien fou.
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