Victor Hugo à Guernesey
Anne-Marie Krebs
Le dernier billet de Pierre Kobel, sur les maisons d’écrivains, m’a rappelé celle de Victor Hugo à Guernesey, que nous avons visitée voilà quelques années lors d’un séjour dans les îles anglo-normandes.
Notre grand écrivain national expulsé de France pour avoir organisé un comité de résistance contre le coup d’État de Napoléon III du 2 décembre 1851, a d’abord fui en Belgique, puis à Jersey où il vécut 3 ans ; enfin il gagna Saint-Pierre-Port, capitale de l’île de Guernesey où il fut accueilli par une foule enthousiaste. Au bout de quelques mois, il put acheter une maison dans la rue de Hauteville, la seule maison qu’il ait jamais possédée – en effet, Place des Vosges il était locataire, comme dans les autres demeures qu’il a habitées à Paris – il y séjournera près de 15 ans, entre 1855 et 1870, avec sa famille et Juliette Drouet qui habitait à proximité.
C’est une maison magnifique sur 4 niveaux et même 5 avec le look out qu’il fit construire sur le toit. Comme dans l’appartement de la Place des Vosges Victor Hugo exerça à Hauteville-House son talent de décorateur et donna libre cours à son goût pour le gothique et pour l’exotisme. Chaque pièce a un décor différent : de l’entrée sombre, d’aspect médiéval, qui évoque Notre-Dame de Paris ; aux salons de réception à la décoration trop chargée à mon goût ; en passant par l’appartement orné de tapisseries, de boiseries, de cuir paré de clous en cuivre. J’ai particulièrement aimé le look out, pièce entièrement vitrée sur le toit. Les murs sont couverts de carreaux de faïence de Delft. C’est là qu’il établit son bureau et qu’il rédigea, entre autres, Les travailleurs de la mer et L’homme qui rit, avec la mer sous les yeux.
Hugo avait pu aussi réaliser à Guernesey son rêve d’un jardin sauvage à l’image de celui des Feuillantines de son enfance, qui a lui-même inspiré celui de la rue Plumet dans Les Misérables.
Ce fut pour nous une très belle visite, émouvante, enrichissante, car comme le dit Pierre, une maison d’écrivain est « un peu comme un sanctuaire », on y côtoie l’auteur, on entre dans son intimité et dans celle de ses proches… et cette maison de Guernesey est vraiment chargée d’une histoire, celle de l’exil d’un esprit hors du commun.
Et il faut croire qu’un hasard n’arrive jamais seul… demain j’ai enfin reçu une réponse favorable pour aller rendre visite à un monsieur qui habite l’une des nombreuses maisons où Zola a vécu à Aix… peut-être l’occasion d’un prochain texte pour ce blog.
Internet