La fantaisie a disparu
C.P.
6 Juin 2021
Couvre-feu toujours à 21 h.
La météo capricieuse ces jours derniers ; quelques beaux jours ensoleillés, des orages violents par endroits, de la pluie fine et le ciel gris toute la journée…
Les terrasses et les cinémas accueillent de nouveau. Même si ça fait plaisir, quelque part le cœur n’y est pas. Des envies que l’on a du mal à concrétiser.
On se concentre volontiers sur le balancement des feuilles au gré du vent, un oiseau qui vole et se pose, papillon, guêpe, fourmi.
Comme si le sommeil avait gagné du terrain.
Dans les constructions, des murs qui s’élèvent : du carré, du semblable, du net et du rentable. La fantaisie des briques, ardoises a disparu. Plus de silex, de torchis et poutres, de lambris vernissés, de pierre de pays.Des jardins réduits, des haies de plastique, des clôtures en PVC.
Dans la rue, quand on croise quelqu’un sans masque, on s’écarte spontanément ; les masqués, on ne les reconnaît pas – sauf à la voix. Alors on s’étonne de cette distance, de cette anesthésie qui nous a figés. Déconnectés, nous voilà déconnectés de l’humain. Plus de lien chaleureux, le courant est coupé, on n’ose plus se toucher : ce n’est pas recommandé…et, sans toucher, baiser, caresse le cœur ralentit, l’esprit n’est plus nourri, le souffle court s’épuise. Le corps vieillit et a du mal à rebondir, à bondir, sclérosé.
La guerre n’est jamais finie ; la paix n’est jamais acquise.
Le temps s’en va, Madame, le temps s’en va
Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
(…) Les jours s’en vont je demeure