Transmission
Nadine P.
Un collègue travaillant avec moi depuis trois ans m’apporte un matin deux livres, deux gros pavés. Couverture de couleur bis, pages serrées, avec au centre de chacun ce petit bourrelet reconnaissable qui laisse entrevoir des photos qui y sont glissées.
Il me les dépose dans les mains et me dit tout simplement « C’est pour toi ! »
Je regarde ces lourds volumes et je lis : Geneviève PIGUET Journal d’une Beaunoise Tome 1 : 1966 – 1985 et Journal d’une Beaunoise Tome 2 : 1986 - 1999.
Je suis surprise, car je ne suis pas intime de ce collègue et le cadeau me semble bien trop beau.
Il me dit alors qu’il me voit accrochée à l’écriture et à la mémoire des gens, il lui a semblé donc évident et bien de me transmettre ces exemplaires, l’autobiographie de sa tante.
On parle, il raconte. Je découvre des ponts intimes entre ces deux vies éloignées d’une même famille, l’héritage d’une passion pour la musique notamment. Il est intarissable.
Je ne sais comment le remercier, comment dire ce que je ressens. Très vite cependant je lui parle de l’APA, mais je n’ai pas le temps d’expliquer. « C’est déjà fait », me dit-il posément.
Il ne sait pas qui a déposé les textes, il ne connaît pas les circonstances du dépôt ni même l’association, mais il sait que le journal est bien au chaud à l’APA depuis des années.
[Depuis je suis allée voir ce qui est dit sur ce texte].
Je prends comme une reconnaissance ce geste. Un pont se fait soudainement et harmonieusement entre mon chemin professionnel où effectivement mots, écriture et transmission en ateliers se lient au quotidien avec passion, et ma vie personnelle où je chemine très lentement, où je remonte le courant de mémoire pas à pas à travers les conseils de plus avertis que moi et où l’écriture m’accompagne, aussi.
Une bouteille de bon Bourgogne scellera cette complicité et lui prouvera ma reconnaissance.
Quelques jours plus tard, il m’offre Morphoses un recueil de poèmes de sa tante qu’il m’autorise à partager. À partager donc ultérieurement sur le blog.
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