Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Grains de sel
Grains de sel
Grains de sel

Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
Voir le profil de apagds sur le portail Canalblog

Newsletter
Commentaires récents
27 mai 2022

Punie

 Sandrine Mallet

logo_nos_ecolesTrès bonne élève, sérieuse, attentive, discrète… Ces qualificatifs de petite fille modèle sur mes bulletins de notes auront marqué une scolarité paisible, le long fleuve tranquille de « mon école ». J’adorais apprendre, je vénérais mes institutrices et si « la maîtresse avait dit », mes parents n’avaient qu’à se rhabiller… Ils avaient forcément tort.

L’époque était néanmoins sévère et les punitions ne manquaient pas de tomber chaque jour sur la tête de certains, punitions dont je me sentais, non sans une certaine assurance, totalement à l’abri. Aussi, 46 ans plus tard, je me souviens avec amusement de deux évènements aussi anecdotiques que cuisants.

 6 ans, classe de CP. Flagrant délit de bavardage, punie ! Au coin ! Tête haute pour « avoir l’air », mais mortifiée, l’élève modèle choisit « son » coin, le plus éloigné de la maîtresse, le plus sombre, là où s’entassent les fournitures et rumine, vexée. Tandis que la classe se poursuit, elle se laisse discrètement glisser jusqu’au sol et devient… invisible. Fin du cours, la maîtresse fait sortir les élèves. Une copine interroge la boudeuse du regard, qui la chasse d’un geste de la main. La classe est fermée et la punie bouclée, oubliée. Bien plus tard, la porte s’ouvre à la volée devant une maîtresse affolée ayant oublié la punition, cherchant partout sa petite élève. Elle se met à sa hauteur, lui tend la main et la rassure gentiment. Je soupçonne aujourd’hui la très petite fille de 6 ans d’être un peu satisfaite, elle a puni sa maîtresse !

 20220527gds-mem_sdrml_punie8 ans, classe de CE2. Punie ! La raison m’échappe, mais pas la punition, qui consiste, pendant la récréation, à effectuer des tours de cour avec les mains derrière le dos, au nez de tous les enfants qui piaillent, se moquent et chahutent dans la cour de jeux. Au nez surtout de mon grand-père que j’aperçois derrière la grille et qui m’attend. Honte de la situation, mais je ne peux pas me cacher, alors mes tours de cour deviennent promenade et je fais mine de musarder tout autour de la cour. Mon curieux cheminement me fait raser les murs et je traîne les pieds, comme perdue dans mes réflexions. La maîtresse m’observe d’un œil dubitatif, mais ne dit rien. Ouf ! Fin du supplice, je cours dans les bras de mon grand-père adoré qui n’a rien vu, l’honneur restera sauf… pendant une bonne dizaine d’années. Bien après son décès, alors que nous évoquions un jour l’anecdote en famille, ma mère me raconta l’appel de mon grand-père ce jour : « j’ai bien récupéré ta fille, tout va bien. Elle était punie et faisait des tours de cour comme si elle se promenait, j’ai fait celui qui ne voyait rien » ! Grand-père chéri.

Petites punitions-vexations de fillette plutôt sage, c’est assez cocasse aujourd’hui ; on est loin des châtiments corporels que d’autres ont connus. Ma sœur aînée, elle, a vécu d’autres sortes de punitions. Première de sa classe, elle était régulièrement désignée par son institutrice, pour « promener » un mauvais élève, cahier raturé de rouge accroché au dos par une ficelle, à travers toutes les salles de classe de l’école. Elle devait toquer aux portes des classes puis montrer aux enfants éberlués « l’âne et son cahier de cancre accroché au dos » en le faisant tourner sur lui-même.

 La punition pour le petit était cruelle, humiliante ; comme la mission confiée à la jeune élève qui se remettait bien mal de cette promenade traumatisante. Le petit puni-ami souriait par provocation, pour faire croire qu’il s’en moquait, pour réconforter sa copine aussi. Certains de nos enseignants avaient beaucoup d’imagination !

 Internet

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Mode d'emploi

Adresser votre texte (saisi en word, sans mise en page, en PJ à votre mail) à l'adresse :

apagrainsdesel@yahoo.com

- Envoyez si possible une image (séparément du texte). Cliquez sur les images pour les ouvrir en grand
- Précisez sous quel nom d'auteur il doit être publié
- Merci de ne pas adresser de textes trop longs afin de laisser son dynamisme à la lecture. Des billets de 2000 à 4000 signes environ sont les plus adaptés à la lecture dans un blog.
L
es administrateurs du blog se réservent le droit de publier un texte trop long de façon fractionnée.


 

Publicité
Archives
Publicité