Chroniq’hebdo | De la Terre, de l’Iran, des photos de Claude Batho et des dessins de Jean-Louis Guitard
Pierre Kobel
À Marrakech et dans le Haut Atlas marocain, un tremblement de terre fait plus de 2 900 morts et plus de 5 500 blessés dénombrés jusqu’à présent. En Libye la tempête Daniel a provoqué au moins 8 000 morts, 7 000 blessés et 10 000 disparus. La terre continue de répondre agressivement à l’invasion et l’exploitation que nous lui faisons subir. Qu’en sera-t-il demain ? À qui le tour ? Je voudrais pouvoir lutter efficacement contre ce qui se passe. Mais comment ? J’ai envoyé l’anthologie Des voix pour la Terre à une amie aux convictions écolos très affirmées. Elle a aimé et comme elle j’essaie de me convaincre que nos mots servent à quelque chose.
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En Iran, c’est l’heure du premier anniversaire des manifestations qui ont suivi la mort de Masha Amini dans les prisons du régime pour un voile mal ajusté. Depuis le régime n’a cessé d’alterner entre pseudo-reculades et une accentuation brutale de la répression, particulièrement les femmes. Emprisonnements, tortures et viols, exécutions, les obscurantistes au pouvoir depuis 1979 ne cessent de faire grandir la peur en même temps qu’ils renforcent l’exaspération et l’opposition de générations jeunes qui n’ont connu qu’eux et qui n’ont plus rien à perdre. Gouvernance de vieillards religieux qui conduisent, dans un pays riche en ressources, à appauvrir ceux qui sont déjà pauvres, à faire disparaître les classes moyennes et à enrichir quelques oligarques en favorisant leurs affaires et la corruption.
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Nous profitons des journées du Patrimoine pour visiter une grande mairie de la banlieue parisienne, une de ces bâtisses ostentatoires que la IIIe République a multipliés pour asseoir sa réputation et son assise politique. Dans la vaste salle des mariages richement décorée, je ne peux que remarquer l’affichage en bonne place de quelques articles du code Napoléon qui disent combien le statut des femmes en France n’a pas toujours été loin de ce qu’il est encore aujourd’hui en Iran.
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Les éditions Contrejour ont publié un beau livre de photos de Claude Batho. C’est une photographe que j’ai découverte, comme un certain nombre d’autres, à la galerie toulousaine du Château d’eau qui avait été créée par Jean Dieuzaide. C’était en 1980 et ma vie personnelle et familiale me conduisait souvent dans la Ville rose.
Les photos de Claude Batho me parlent. Leur silence est apaisant, leur plénitude rassurante et il émane d’elles une résonance qui touche à l’intime, à des lieux, des instants de vie que nombre d’entre nous ont connu. Cette lecture me conduit à poursuivre une collecte photographique que j’ai déjà entreprise dans mes lieux de vie. Il s’agit de saisir des détails, des objets, des lieux de la maison qui la signifient et en rappellent la mémoire.
Autre Exposition qui me touche particulièrement, c’est celle de mon ami Jean-Louis Guitard qui montre son art à Verrières-le-Buisson. Lui aussi, avec des Rotring et de l’encre de Chine sait saisir la vie dans ce qu’elle a de plus intérieur derrière la surface des choses.