Au 5 rue du Père Giga
Danielle Eberhardt
Ils ont élu domicile au 5 rue du Père Giga, leur meilleur pote. Ils s’affolent sur azerti et deviennent de super pilotes. Les plus accros sont des guerriers, ils sont branchés sensations fortes.
Aux commandes d’un avion de chasse, se prennent des jets, sont connectés.
Ils sont devenus bien dociles, sont tatoués, hyper tactiles. Sur le clavier de leurs amours, un disque dur et des clichés. Ils sont gravés, privés d’air pur et interdits de se toucher. Ils communiquent par dossiers méga octets, n’ont plus de mots pour se revoir, ils utilisent la vidéo pour s’émouvoir.
Avec les codes barrés de leur vie en M.O., ils surfent sur les ondes et se croient tous égaux. Pour protéger leur monde et leur mur de mensonges faudra passer par le high flow. Ils s’improvisent tous profilers, sur face de bouc ou sur twitter. Postés sur fil d’actualité, ils cherchent le buzz ; deux trois quatre ou 5G redoutent le bug, celui de leur réalité.
Ils ont bu toutes les paroles, l’eau frelatée et le système. Ont pourtant évoqué les ONG, une vague idée, une vie lointaine. Se sont remplis la panse d’OGM, pour toute reconnaissance ils cliquent sur « j’aime ».