Mytho – mini !
Pierre Kobel
Mon quartier bruisse encore de ce qui s’est passé, il y a quelques jours, à quelques dizaines de mètres de chez moi. Deux bandes rivales se sont violemment affrontées, deux jeunes adolescents sont restés sur le carreau, l’un n’est pas sûr de rester en vie. Actu de banlieue, violence des quartiers qui grandit à mesure de la détresse économique et sociale, quand le trafic de drogues devient une alternative alléchante. Quand c’est la seule façon de vivre, sans perspectives à long terme, dans l’urgence aveugle d’une vie fragilisée à l’extrême. Je ne m’apitoie pas. J’ai, à la fois, de la colère contre cette situation dégradée, de la colère de me sentir impuissant, de la colère que personne n’ait su inculquer une éducation et des repères constructifs à ces jeunes et l’envie de leur flanquer une fessée salvatrice, n’en déplaise aux contempteurs de toute violence éducative.
Et puis, alors que je m’emballe à propos de cette réalité grave, inquiétante, je découvre dans les médias, l’étalage indigne des « malheurs » du couple de Harry et Meghan mis en scène par la papesse Oprah Winfrey qu’on nous dit femme d’influence. Mais quelle conscience est celle de ces gens-là ? À l’heure où un nombre incommensurable de personnes de par le monde subissent toujours la pandémie et ses conséquences, on nous livre le feuilleton des démêlés familiaux des Windsor en pâture. Mais de quoi sont-ils emblématiques ces gens-là ? Quel intérêt peut-on trouver à leurs états d’âme, eux qui vivent avec une cuillère dorée dans la bouche et qui n’ont à se plaindre que de ce qu’ils ont puisqu’il ne leur manque rien d’essentiel. Comment leurs pleurnicheries médiatiques peuvent-elles devenir un feuilleton mondain et sordide ?
Spectacle indigent que celui qu’ils offrent quand ils devraient s’en tenir seulement à celui des ors et paillettes de leurs noces et autres couronnements.
Je vais à ma fenêtre, je regarde le jour pesant sur les épaules et sur la marche des passants. Derrière un volet clos, un couple de pigeons a élu domicile pour couver ses deux œufs en devenir. Sauront-ils aller jusqu’au bout de leur aventure et nous faire rêver par la liberté de leur envol ?