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Grains de sel
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Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
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26 juin 2022

Ma scolarité en primaire

 Claude Campa

 logo_nos_ecolesUne partie de ma scolarité en primaire s’est déroulée dans la classe unique d’un tout petit village.

Mon père était l’instituteur, ce qui lui donnait droit à un logement de fonction situé à l’étage.

 Je dormais au-dessus de la salle de classe, la partie de l’appartement comprenant la cuisine et le séjour étaient au-dessus de la salle dédiée à la mairie. L’ensemble du bâtiment donnait sur la place du village, face à l’église. Côté école, il y avait une cour, un préau et un WC « à la turque » dont la porte fermait mal et quand les filles y allaient c’était toujours accompagné d’une copine qui surveillait la porte. Elles s’interpelaient de cette façon : « tu me tiens la porte ? » et pas besoin de plus d’explication, l’interpelée avait compris.

 La bâtisse possédait un grenier à l’usage des occupants du logement de fonction et une cave où s’entassait le bois pour le grand poêle en fonte de la salle de classe, et aussi le bois pour chauffer l’appartement à l’étage. L’instituteur avait établi un tour de service pour les menus travaux, car il n’y avait pour l’école ni homme d’entretien ni femme de ménage, pas de technicien de service en somme. Il incombait aux élèves d’aller chercher le bois et de garnir le poêle en arrivant le matin, de nettoyer la salle de classe après les cours.

 Que reste-t-il de ces beaux jours ?

 20220626gds-mem_clcam_ma_scolarite_en_primaireLa poussière de craie en suspension dans un rayon de lumière. Les encriers de faïence blanche. Dans la bouteille à bec verseur, l’encre dosée par le maître pour chaque encrier, l’encre qui noircira les doigts des écoliers malhabiles. Les deux grandes fenêtres donnant sur le toit du préau de la cour de récréation.

 Se souvenir de ces deux vers : « Le ciel est par-dessus le toit, si bleu si calme / un arbre par-dessus le toit berce sa palme »

 Se souvenir de ces deux vers, assis par deux au double pupitre de bois avec son banc attaché, son bureau incliné et les encoches pour les encriers blancs. Les mots du poème étaient posés sur le paysage familier et ainsi on ne doutait pas que le point sur le i du clocher jauni venait se percher sur l’église du village, même si la pierre grise de celle-ci ne se prêtait pas bien à la comparaison.

 L’arbre par-dessus le toit, c’était aussi bien l’arbre vers lequel le regard se perdait, celui par-dessus le toit du préau, l’arbre avec le ciel par-dessus lui, et les rêveries, et les désirs de dehors qui venaient parfois donner envie de s’envoler comme Nils Holgersson, de quitter le pupitre et la leçon.

 Au fond de la classe, dans un angle, le grand poêle en fonte allumé chaque matin, quand le temps était froid, c’est à dire souvent dans ce village du piémont pyrénéen. C’est autour de ce poêle, dans sa chaleur bienfaisante que mon père, drapé dans sa blouse grise taillée dans un tissu épais qui lui donnait un aspect raide, lisait la leçon de morale quotidienne, obligatoirement au programme en ces années-là. Un texte, je me souviens, disait la mésaventure de deux garçons aventureux qui s’étaient avancés trop loin sur la glace d’un étang. Ils avaient pris un bain forcé qui aurait pu très mal finir et la morale de l’histoire était ainsi assenée : « il faut être courageux, mais pas téméraire ». Bof ! Je n’étais pas bien convaincue. C’est le seul souvenir que j’ai des leçons de morale, je n’ai donc pas appris grand-chose de cette partie du programme, j’ai l’impression que mon père lui-même n’y attachait pas d’importance.

 Se souvenir du crissement de la plume, de l’odeur de punaise, de la colle blanche, des cahiers à petits carreaux, du cahier du jour et du cahier de brouillon, de Rémi, Colette et du chien Pipeau. « Une semaine avec » c’était le livre pour les plus grands où l’on pouvait découvrir des extraits de Croc Blanc.

 Aux murs des tableaux accrochés aux murs représentaient, entre autres, les châteaux de la Loire, les habits du Moyen Âge, d’autre chose encore que j’ai oublié.

 Aux beaux jours il arrivait que l’école se fasse buissonnière. Observation de la nature, mais aussi parties de cache-cache, le maître semblait aussi heureux que ses élèves à ces moments-là.

 Le mois de juin était le mois du théâtre. De nombreuses heures étaient occupées à la préparation du spectacle de fin d’année joué par les acteurs en herbe que nous étions, mais aussi par tous les adultes du village qui souhaitaient y participer. Ma mère s’occupait des costumes et maquillait les acteurs. Par le biais des instituteurs des villages voisins, mon père « faisait la pub » et le bénéfice récolté lors de la représentation permettait d’organiser un voyage scolaire auquel des habitants du village participaient. C’est ainsi que ma grand-mère a pu voir la mer, pour la première fois de sa vie.

 J’ai vécu dans cette école, au rez-de-chaussée le jour, à l’étage le soir, de ma naissance jusqu’à l’âge de neuf ans. L’école a été fermée en 1963 comme beaucoup de petites classes à cette époque-là.

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