Chroniq’hebdo | Des 30 ans de l’APA, du salon de Montreuil, du retable d’Issenheim et des SMS
Pierre Kobel
Comme l’écrivait Bernard dans son dernier billet, la semaine passée fut très apaïste. Un entretien avec une jeune étudiante qui travaille à un mémoire sur l’APA, la belle soirée qui mettait un point d’orgue à l’anniversaire des 30 ans de l’association et les jours suivants des réunions du CA et du bureau qui m’ont donné l’occasion de m’engager plus avant dans son fonctionnement. Amitié et partage, c’est ce que je perçois là comme dans le groupe parisien dont je suis membre.
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Va-t-on subir des coupures d’électricité cet hiver ? Illusion de notre confort, de notre progrès ! Ce serait le résultat de ce qui se passe en Ukraine, de cette guerre qui se prolonge et qui, progressivement, nous atteint sous couvert de répercussions économiques et jusque dans notre quotidien. Il y a là quelque chose de récessif qui me ramène aux souvenirs du vécu de mes parents et grands-parents durant la Seconde Guerre mondiale et les années qui suivirent. Dans les médias, jeux de paroles des politiques qui s’affrontent sur le dos de l’opinion pour la récupérer en sa faveur. Cela ajoute au stress informatif ambiant, à cette multitude d’infos négatives qui nous assaillent et plongent les plus fragiles dans l’angoisse. N’émergent de cela que les coups de pied heureux de nos footballeurs nationaux, le temps de quelques matchs vainqueurs.
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À mon habitude, je suis allé faire mon marché au Salon du livre de jeunesse à Montreuil. Grand brouhaha enfantin et adolescent au milieu des stands. Profusion d'œuvres et de nouveau je me demande s’il n’y en a pas trop. Mais est-ce une bonne question ? J’achète des mangas pour mes lecteurs de petits-fils. Des mangas ! C’est une part de la littérature qui obtient un immense succès auprès des jeunes et qui forme une véritable culture, bien au-delà des mots. Déclinaisons vestimentaires, objets, affiches, etc., c’est tout un univers qui forme un marché juteux et qui est exporté ce week-end à Paris dans le cadre du Paris Manga & Sci Fi Show dont j’ai vu quelques images amusantes à la télé. Je suis heureux que mes petits-fils en lisent. Je serais contrarié qu’ils ne lisent pas du tout.
À Montreuil, je retrouve aussi mes amis de la tribu Bruno Doucey. Univers de la poésie dans lequel je baigne depuis si longtemps que je m’y sens chez moi. Ces derniers temps, je suis revenu à plusieurs auteurs qui, par leur écriture, établissent des passerelles vives entre la poésie et l’écriture de soi. C’est Christian Bobin de triste actualité, c’est Thierry Metz compagnon à la fois lointain et proche depuis si longtemps, c’est Françoise Ascal qui vient de recevoir le Grand Prix de la Maison de Poésie pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la publication de Grünewald, le temps déchiré qu’elle consacre au retable d’Issenheim du musée d’Interlinden de Colmar.
« à quoi bon des poètes par temps de désastre
demande Hölderlin
avant de s’enfoncer dans la nuit
à quoi bon des peintres ? »
« radical affamé
vous vouliez un art plus grand que l’art
un art qui entre dans le sang
irrigue fibres nerfs tendons
à travers une simple filasse
tendue sur une carcasse de bois
un art capable de changer la vie
un art qui guérisse »
France-Culture diffuse une émission à l’occasion des 30 ans du premier SMS. Déjà ? La radio se demande comment ces petits textes ont modifié nos modes de communication et nos existences plus largement. Toute forme de communication est bonne à condition de prendre la mesure de chacune. Je ne sais au-delà de sa pratique si celle-là nous a permis de vraiment améliorer nos relations.
Internet
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Wikipédia | Françoise Ascal
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L’herbe qui tremble | Grünewald, le temps déchiré
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France-Culture | Joyeux anniversaire le SMS ! Comment le téléphone a appris à lire et écrire