Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Grains de sel
Grains de sel
Grains de sel

Blog créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir les contributions au jour le jour de vos vécus, de vos expériences et de vos découvertes culturelles.
Voir le profil de apagds sur le portail Canalblog

Newsletter
Commentaires récents
7 novembre 2023

Chroniq’hebdo | Du vieillissement, du Consentement et de Ron Mueck

Pierre Kobel

logo_chroniqhebdo 20231107gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo104_vieillesse        Examens, perspective d’un rendez-vous de contrôle médical, rien que de très normal à mon âge. Remontent en moi toutes les appréhensions de la maladie, de l’hôpital, d’une opération potentielle, d’un pas de plus dans le vieillissement.

Comment aller contre cela ? Dois-je me plier aux soins, au médical ou refuser en sachant que je prends le risque de vivre moins longtemps ? Regarder la vieillesse en face, est-ce que j’en ai peur ? Je ne sais pas.

*

20231107gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo104_consentement        Je n’avais pas lu le livre avant de voir le film qui en est l’adaptation. J’ai lu Le consentement de Vanessa Spingora, nous avions vu le film, il y a quelques jours. Le livre est fort, important, il dit avec des mots justes ce qu’est l’emprise d’un adulte sur une jeune fille consciente, consentante, mais incapable de mesurer les conséquences de cette relation. Sa limite est qu’il reste très littéraire, sans une langue qui percute. C’est la dimension complémentaire de l’image qui rend présent, physique cet abus quand le texte le tient à distance, dans un passé.

Le film a un grand succès et fait le buzz auprès des adolescents qui réagissent sur TikTok. Nous sommes à l’heure où la parole se libère quand les agressions de Matzneff étaient tolérées dans une société permissive et les cercles artistiques où il évoluait. Société qui voulait se libérer d’un carcan moralisateur et hypocrite qui avait pesé trop longtemps sur elle jusqu’en 1968. Cela a conduit à des excès tant on ne fait jamais que basculer d’un plateau à l’autre de la balance sans jamais s’attacher à un équilibre constructif. Pour se débarrasser d’un ordre moral autoritaire et contraignant, certains ont voulu vivre la liberté sans tabous et sans règles, d’autres ont assouvi ouvertement leurs pulsions sans respect d’autrui au nom de cette même liberté. Cela a conduit au retour de bâton d’aujourd’hui et au jugement perpétuel qui ne laisse plus aucune liberté à personne, qui met de nouveau la sexualité sous contrainte et sous contrôle moralisateur.

J’ai été élevé selon la morale catholique et prude de mes parents, je me suis éveillé tardivement à ce qu’est la sexualité et tout ce que j’en ai vécu relève d’apprentissages maladroits et autodidactes. Aujourd’hui je me dis que j’aurais sûrement cédé sans honte et sans repentir à une femme plus âgée que moi, quand j’étais adolescent, si l’occasion s’était présentée. Parfois je regrette de ne pas avoir vécu plus d’expériences.

Le Consentement de Spingora participe de Metoo, de ce mouvement qui permet de dénoncer les prédateurs, de dire bien haut qui sont les bourreaux et qui sont les victimes. Si ce mouvement est l’expression nécessaire des victimes face à des agresseurs qui agissaient en toute impunité ou presque, je ne suis pas sûr qu’il aide à éduquer mieux à la sexualité. D’un côté on dénonce, on légifère à tout va et d’un autre, on laisse un quasi libre accès sur Internet à une pornographie sans frein et totalement dégradante pour les femmes.

*

Le week-end nous a conduits à la Fondation Cartier pour voir l’exposition Ron Mueck qui s’y terminait ce dimanche. J’aime ce lieu bien qu’il n’ait pas les charmes de celui de Jouy en Josas quand la fondation s’y tenait. Avec Ron Mueck, on revient au corps, mais avec une approche bien différente que celle des violences évoquées plus haut. Peu d’œuvres par rapport à l’exposition précédente de 2013, une mise en regard de la mort et de la vie avec d’abord la confrontation à l’installation d’une centaine de crânes humains surdimensionnés empilés dans le chaos d’un désordre savamment organisé. « Le crâne humain est un objet complexe. Une icône graphique puissante que nous reconnaissons immédiatement. À la fois familier et exotique, il repousse et attire simultanément. Il est impossible d’ignorer, exigeant notre attention au niveau subconscient. » dit R.Mueck

Dans la salle voisine, la découverte d’un nourrisson géant, petite fille à peine sortie du ventre maternel et troublante de vérité. C’est là le retour à notre humanité première, à toutes les espérances possibles.

20231107gds-mots-pkobel_chroniq_hebdo104_ron_mueck

 

Publicité
Publicité
Commentaires
B
J'avais beaucoup aimé la précédente exposition Mueck, j'ai trouvé ses figures si incroyablement réalistes très prenantes et troublantes. Mais je dois dire que passant l'autre jour devant la Fondation Cartier à voir ces accumulations de crânes depuis le boulevard ne m'a donné envie d'y aller.
Répondre
N
Ce n'est pas l'âge qui est embêtant mais ses effets secondaires. Merci de ta chronique!
Répondre
Mode d'emploi

Adresser votre texte (saisi en word, sans mise en page, en PJ à votre mail) à l'adresse :

apagrainsdesel@yahoo.com

- Envoyez si possible une image (séparément du texte). Cliquez sur les images pour les ouvrir en grand
- Précisez sous quel nom d'auteur il doit être publié
- Merci de ne pas adresser de textes trop longs afin de laisser son dynamisme à la lecture. Des billets de 2000 à 4000 signes environ sont les plus adaptés à la lecture dans un blog.
L
es administrateurs du blog se réservent le droit de publier un texte trop long de façon fractionnée.


 

Publicité
Archives
Publicité