Chroniq’hebdo | De la sculpture, du théâtre, du cosmos et de l’intime et des arts
Pierre Kobel
Exposition Hyper-réalisme. Ceci n’est pas un corps au musée Maillol. Le lieu se prête au sujet. Les statues de Maillol s’inscrivent pleinement dans l’histoire de la statuaire qui a conduit les artistes exposés à reproduire l’humain comme ils l’ont fait. Il y a quelque chose de profondément émouvant à voir ces corps, ces visages plus vrais que vrais et qui nous renvoient à nos propres identités. Renvoi également à l’actualité comme cette vieille femme de Marc Sijan dont l’attitude et le regard me font penser à d’autres femmes émergeant des ruines de Turquie, de Syrie, à d’autres regards acculés à la détresse.
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J’ai regardé le Rembob’INA consacré au film de Benoît Jacquot, Élise Jouvet 40 qui date de 1986. Une leçon de théâtre comme il y en a peu et qui me rapproche avec cet art souvent si difficile d’approche pour moi.
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Sur France-Inter entretien avec l’astronaute Jean-Pierre Luminet à propos du livre qu’il a écrit autour des Nuits étoilées de Van Gogh. L’homme n’est pas qu’un scientifique, il touche aussi à la poésie, au dessin, à la musique. Dans ce dernier livre, il met en perspective les peintures célestes de Vincent dans le midi avec leur réalité cosmique que les outils d’aujourd’hui ont permis de reconstituer précisément. Réalité transfigurée pour des raisons esthétiques par le peintre, mais qui sont à l’origine de la création.
Je voudrais ainsi pouvoir m’avancer par les mots dans une dimension cosmique de l’existence et donner un nouveau sens à la mienne qui aille au-delà des petites vicissitudes qui la plombent.
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Après-midi de notre groupe de l’APA. Nous recevons une dame de 96 ans qui vient témoigner de sa vie cachée durant l’Occupation. Réunion fructueuse. J’enregistre la personne durant une heure et demie et nous sommes tous bluffés par sa vivacité, son œil pétillant et sa mémoire entière. Bavarde impénitente, elle nous fait le récit de sa jeunesse et particulièrement de ces années difficiles où elle a dû vivre cachée avec ses parents risquant d’être arrêtés à tout moment.
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Concert d’orgue à la Philharmonie de Paris avec Olivier Latry à la console. J’éprouve une émotion qui tient au fait d’entendre jouer cet homme. Je reviens à des années en arrière quand un ami commun m’avait permis quelquefois d’assister aux vêpres à la tribune des orgues de Notre-Dame. J’y pense quand l’actualité nous dit qu’ils seront de nouveau en place en 2024.
Nostalgie ? Tristesse ? C’est encore autre chose qui plonge plus profondément en moi. Le sentiment intime de renouer avec un passé qui n’appartient qu’à moi et quelques autres, de relier le présent avec ce passé par la musique et ce qu’elle a de plus intemporel.
Alors que s’approche le temps de la table ronde sur « l’intime revisité » qui se tiendra en mars, je mesure comment et combien l’intime peut se trouver confronté pour son bénéfice à l’art. Durant ce concert c’était à la musique, souvent je fais la même expérience grâce à la poésie quand elle vient en regard de ma vie personnelle, quand elle l’éclaire, la réconforte, quand elle me ramène à la sérénité dans un temps personnel et collectif troublé.
Internet
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Musée Maillol | Hyper-réalisme. Ceci n’est pas un corps.
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Philharmonie de Paris | Olivier Latry
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Wikipédia | Olivier Latry